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JACQUES GOUDEAUX |
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TEXTES ET MUSIQUES DÉPOSÉS À LA SACEM®
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Abhorrant l’intellectualisme gratuit et continuant
volontairement à emprunter les chemins escarpés et
périlleux de l’indépendance, Jacques
Goudeaux, « Petit
Poucet de la chanson », a publié un second disque
compact de 24 titres qui, cette fois encore, mérite
attention.
Auteur, Jacques Goudeaux glisse subtilement un doigt sous
l’écorce de nos habitudes et de nos certitudes pour écrire
des textes charnus, trapus, solidement charpentés,
capables de supporter la patine et les griffures du temps.
Dans un style d’une alerte fluidité, il assemble les mots
en bouquets harmonieux, («
Ami Thibaut, sans une plainte,/ Les mauvais ans
rongent tes doigts ; / Sur toi la misère est empreinte /
Et jusqu’au chaume de ton toit …» ), impertinents, («
Saint-Louis
le très masochiste, / Entre autre image d’Épinal, / En
se prenant pour un juriste / Glandait sous son chêne
royal. ») ou réalistes ( « Ils ne seront jamais
qu’un nom / Sur une pierre, un monument / Un numéro de
régiment / Dans le silence des canons … »). Et s’il
exprime souvent une vision critique de notre humanité, il
reste indulgent envers nos semblables allant jusqu’à
admettre « que tout cons qu’ils sont / Parfois ils
sont intelligents / Les cons ».
Compositeur talentueux, Jacques Goudeaux sait teinter de
couleurs les notes qu’il choisit pour mettre en valeur «
l’archipel des mots » passés au sas étroit de son
exigence et de sa rigueur à la Brassens. Les
orchestrations signées du fidèle Patrice Peyriéras
viennent apporter la touche finale qui émaille d’embellies
le climat émotionnel de l’ensemble grâce en particulier au
violoncelle d’Andrée Marquet.
La
rondeur moelleuse de la voix de Jacques Goudeaux
traduisant une sensibilité à fleur de cœur fait que ce
disque s’apprécie en gourmet plutôt qu’en gourmand.
Michel
Bombart. ( Je Chante ! Revue de la chanson française )
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Jacques
Goudeaux
possède
cette
forme supérieure de l’imagination qui érige en symboles
les objets sensibles, et fait transparaître l’universel
dans l’expression du particulier… Quelles qu’aient été les
influences de ses aînés, inconscientes ou pas, avouées ou
non, le vrai poète trouve son chemin. Depuis déjà quelques
années, Jacques Goudeaux a trouvé le sien et, en une
vingtaine de chansons, nous entraîne avec lui à travers
siècles et vallons.
La diversité des rivages abordés et des musiques proposées dans cet album ne nuisent pas, bien au contraire, à l’unité qui s’en dégage, à un certain climat bien reconnaissable, sans doute propre aux arrangements à la fois sobres, minutieux et spontanés de Patrice Peyriéras : celui-ci, après avoir accompagné sur disque ou sur scène des grandes pointures de la chanson comme Barbara, Michel Legrand ou Aznavour n’est plus à présenter ; qu’il soit cependant permis de rendre hommage à son talent ainsi qu’aux musiciens qu’il dirige et qui l’ont si habilement secondé… |
Entre rêve et réalité
Dans l’espace et le temps,
Sous tant d’autres identités
S’échapper du présent…
Avec ce premier titre, Les héros de romans, nous poussons la porte d’un univers à la fois familier et mythique où la lutte du bien et du mal est soulignée par une musique entraînante et martiale ; ce thème inédit permet à l’auditeur en mal d’aventures, réelles ou imaginaires, irrationnelles ou non, de gagner les « archipels » chers à Rimbaud à travers les archipels de mots de l’auteur. |
En tourbillons me reviennent
Que je croyais oubliées,
Tant d’images anciennes,
Bribes éparpillées…
Le titre générique de la chanson Tristesse
d’Olympio évoque, à travers un clin d’œil au vieux père
Hugo, le monde déformé du souvenir. Il s’agit ici de celui de
l’enfance que les ans ont embelli et qui laisse défiler toute
une imagerie d’Épinal avec le préau de l’école, le
maréchal-ferrant ou les chemins au dos sombre d’un village
blotti au cœur du temps ; et la chanson, que n’eût pas
désavouée Duteil, s’achève dans les regrets d’une mélodie
facile à mémoriser
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De ces clichés qu’on étala,
Quel est celui qu’on
commémore,
Le peuple un jour brûlant
ceux-là
Qu’il acclamait hier encore ?
L’idée est originale et nous conduit à travers
L’histoire dans une nouvelle approche non sans humour de
notre histoire de France et de ses fausses réputations ; l’on
peut notamment y faire la rencontre du très masochiste
Saint-Louis qui glandait sous son chêne ou de notre divine
Pucelle qui ne l’est pas restée bien longtemps !
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Ami Thibaut, sans une
plainte,
Les mauvais ans rongent tes
doigts ;
Sur toi la misère est
empreinte
Et jusqu’au chaume de ton
toit.
Ce beau texte, en manière d’hommage à nos lointains paysans
est magnifié par une musique en mode mineur, plus Renaissance
que moyenâgeuse mais qui lui donne toute sa dimension. La
richesse du vocabulaire employé ici n’a d’égal que la pauvreté
de l’Ami Thibaut
évoqué par la chanson.
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Je porte sur le front toutes
les rides du
Monde et je t’aime encor :
Pour les odeurs froissées
Dans les plis de nos ciels ;
pour les frissons perdus
Que l’ancolie coupée…
De par le découpage des phrases ou des idées à l’intérieur
d’un même vers ou d’un quatrain à l’autre, la mise en chanson
du texte pouvait tenir de la gageure. Cette belle mélodie, Les
tempes grises, est remarquablement servie par le chanteur aux
intonations à la fois viriles et douces et les arrangements en
répons entre piano et violoncelle.
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Je sème des notes et des rimes
Des petits vers de cabaret
Et contre lesquels je m’escrime
Bien qu’ils n’aient guère d’intérêt…
Simplicité et impertinence animent ce Petit
Poucet de la chanson, texte sautillant et sans
prétention mais dans lequel on aimerait un tant soit peu se
retrouver.
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Tiens ! La fillette à Dorine
Fait jaser le patelin ;
De père elle est orpheline :
Monseigneur est le parrain !…
Ragots
villageois et potins « à la une » que l’on a déjà pu
rencontrer chez Anne Sylvestre. Le ton est bon enfant où
mâtine joue avec matin sur un contre-chant de clavecin : de
quoi satisfaire la curiosité de Ma
cousine !
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Pour avoir ardemment chassé les
hérétiques,
Ceux qui osaient penser autrement que par vous,
Pour vous être acharnés sur le dos des sceptiques
Sans admettre jamais que l’on vous désavoue…
Ce texte documenté et sans indulgence fustige la valeureuse
Église qui a si bien su assombrir le siècle des Lumières. Deo
gratia sonne ici comme un glas.
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Hardi
Larguez
Voile au vent
Droit devant…
Joli travail d’écriture en vers de deux ou trois pieds pour
une comptine alerte où sur un fond de boîte à musique la flûte
est la bienvenue. «Bateau,
sur l’eau !» : on se revoit, petit garçon en barboteuse,
penché sur le bassin de l’Évêché ou d’ailleurs.
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Car enfin il est à l'âge
Où, par d'injustes dommages,
Le temps se commet parfois
Mais son miroir lui compose
Un teint toujours frais et rose
Entre deux crises de foie.
Portrait bien brossé d’un certain type de flambeur. Un peu d’indulgence, toutefois, tend à rendre Monsieur plus sympathique ! |
Leur cause est méritoire
Ils font semblant d’y croire
Finissent par y croire
En leur esprit fécond
Les cons
Quelques couplets d’humeur sur les Autres, à la fin desquels
on apprend, non sans surprise, qu’ils peuvent même être
intelligents ! Très différents, en tout cas des Cons
de Charles Dumont.
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Mais la Coquille est morte et tous
les gais compaings
Sont jetés dans les puits, pendus ou échaudés
Et par l’azur noirci des beaux soirs étoilés,
L’Errant demande grâce en dérobant son pain.
Quelle bonne idée que de laisser Louis Pergaud, le poète des
animaux et des enfants rendre hommage au travers du passé à
celui des gueux, François
Villon, avec un accordéon de malheur qui accompagne le
triste, le méchant, le joyeux et le fou…
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Et que la musique vous soit
jolie
Il faut bien un brin de folie
Au rythme endiablé sans vous
faire prier
Sautez sur la pointe des
pieds…
Le Soir de
Saint-Jean, la nuit la plus courte de l’année a plus
souvent été évoquée en littérature qu’en musique. Celle-ci, en
tout cas, est une farandole qui fleure bon la Provence avec
ses fifres et tambourins…
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J’ai navigué au fil des pages
En Robinson de galerie
Naufragé de l’imaginaire…
Étrange
voyage à travers les hommes et le temps… Ce thème des
souvenirs, cher à l’auteur, nous invite à le suivre avec
pudeur et retenue dans ce parcours où onirisme et réalité se
rejoignent en une interrogation finale.
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Venez à moi, claquepatins,
Loqueteux, joueurs de
musettes,
Clampins, loupeurs, voyous,
catins,
Et marmousets et
marmousettes…
Rien de plus normal pour le troubadour qu’est Jacques Goudeaux
que d’avoir adapté, sur un fond d’accordéon, La Ballade
du Roi des Gueux pour une chanson à la Brassens où
Richepin, le poète de la Chanson des Gueux, tire un véritable
feu d’artifice de mots anciens et argotiques que le soleil a
teints…
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Elle s’étire elle se glisse
Nous pénétrant comme un
poison
Elle s’insinue elle s’immisce
Et nous fait taire la raison…
Juste
analyse d’un thème toujours d’actualité, La
rumeur, et dont le ton est tempéré par le changement de
rythme d’un refrain plein de bonhomie.
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C’est là que j’ai confié
au miroir de mon âme
mes doutes, mes faiblesses,
toutes mes craintes aussi.
Renouvellement
complet d’un sujet exploité notamment par Barbara et Reggiani,
où l’harmonica déchirant sur un fond de picking met en relief
Ma solitude,
une belle mélodie bardée de rêves…
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Ils
attendaient comme on espère
Quelque miracle au nom du
Père...
Ils ne seront jamais qu’un
nom
Sur une pierre, un monument,
Un numéro de régiment
Dans le silence des canons…
Cette critique, pourtant assez conventionnelle de la guerre
n’est pas sans intérêt et nous enrôle dans l’absurdité d’un
monde où, Au nom de la Patrie,
la gloire est fille de l’horreur avec flingots et roulements
de tambour…
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Mais on ne t’en veut pas : on
t’est restés fidèles,
La camarde a eu beau souffler
sur la chandelle,
Encore bien campé, tu
continues à être
Après avoir été ; toi qui fus
notre maître
Incontestable, incontesté
Même en ton ciel tu l’es
resté !
Ce nouvel hommage À
Brassens, consacre s’il en était encore besoin la
pérennité de l’œuvre de celui-ci. Bien sûr, texte, mélodie et
arrangements restent dans l’esprit du maître ; on appréciera
la seconde guitare « jazz » qui souligne l’amitié des Copains
d’abord et passe des éternels oubliés, Rosso et Crolla, à
l’accordéon du Vieux Léon…
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Pour faire bonne mesure
Ils pimentent la sauce
D’un fiel de leur mixture
D’amertume ils l’arrosent
Voilà bonne recette
Pour avoir place nette
Jacques Goudeaux fait l’aumône d’une chanson à ces petits Petits Chefs que l’on ne peut cependant pas préférer aux Cons. |
Va vite, léger peigneur de
comètes !
Les herbes au vent seront tes
cheveux ;
De ton œil béant jailliront
les feux
Follets, prisonniers dans les
pauvres têtes...
Petit
mort pour rire : Ces deux poèmes de Tristan Corbière,
pleins de fleurs, de lumières et de tombes, recouvrent une
nouvelle jeunesse dans cette riche adaptation qu’en fait notre
nouveau voleur d’étincelles.
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Sans même en faire
l’inventaire
De l’orient jusqu’à
l’occident,
Quel est celui qui se prétend
Notre ennemi héréditaire
Sinon l’anglais ?
Au-delà de l’humour et de la caricature d’Anglophobie,
n’est-ce pas tout simplement la volonté de l’auteur que de
portraiturer au plus juste la Perfide Albion ? Les amateurs de
rugby apprécieront ce petit clin d’œil à l’Ovalie que l’on
rencontre rarement dans l’univers de la chanson française.
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Allez si ça t’amuse
Au lieu de la bercer
Gourmande un peu ta muse
Car elle va se lasser
De cette grâce infuse
Pose un peu tes lauriers
Pose un peu tes lauriers
Le texte de Chanson
légère, de facture classique avec sept sixains
d’hexamètres où alternent avec régularité rimes féminines et
masculines dénonce paradoxalement, en termes des plus choisis
ceux qui, figés dans des archaïsmes désuets et datant de
quatre siècles n’ont pas compris que la langue et son
expression la plus subtile devaient nécessairement évoluer.
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Au firmament
De cette nuit,
Un astre luit
Comme un diamant.
L’écriture en vers de quatre pieds demandant une maîtrise
certaine, le thème par trop usé par les temps rajoutant à la
difficulté, il pouvait sembler improbable de composer une
énième Berceuse
de Noël susceptible d’émerveiller l’auditeur. C’est
pourtant le cas pour cette dernière chanson que nous
écouterons en fermant les yeux …
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