VOLUME C (5-6) : 24 titres







1998







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JACQUES
GOUDEAUX

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TEXTES ET MUSIQUES DÉPOSÉS À LA SACEM®


TABLE AVEC ACCÈS À CHACUN DES TITRES


Présentation 1


Présentation 2




























Volume C (5-6)

1 - Les héros de roman
2 - Tristesse d’Olympio
3 - L’histoire
4 - Ami Thibaut
5 - Les tempes grises
6 - Petit Poucet de la chanson
7 - Ma cousine
8 - Deo gratias
9 - Bateau sur l’eau
10 - Monsieur
11 - Les cons
12 - François Villon
13 - Soir de Saint-Jean
14 - L’étrange voyage
15 - Ballade du Roi des Gueux
16 - La rumeur
17 - Ma solitude
18 - Au nom de la Patrie
19 - À Brassens
20 - Les petits chefs
21 - Petit mort pour rire
22 - Anglophobie
23 - Chanson légère
24 - Berceuse de Noël























Présentation 1


Abhorrant l’intellectualisme gratuit et continuant volontairement à emprunter les chemins escarpés et périlleux de l’indépendance, Jacques Goudeaux, « Petit Poucet de la chanson », a publié un second disque compact de 24 titres qui, cette fois encore, mérite attention.

Auteur, Jacques Goudeaux glisse subtilement un doigt sous l’écorce de nos habitudes et de nos certitudes pour écrire des textes charnus, trapus, solidement charpentés, capables de supporter la patine et les griffures du temps. Dans un style d’une alerte fluidité, il assemble les mots en bouquets harmonieux, Ami Thibaut, sans une plainte,/ Les mauvais ans rongent tes doigts ; / Sur toi la misère est empreinte / Et jusqu’au chaume de ton toit …» ), impertinents, (« Saint-Louis le très masochiste, / Entre autre image d’Épinal, / En se prenant pour un juriste / Glandait sous son chêne royal. ») ou réalistes ( « Ils ne seront jamais qu’un nom / Sur une pierre, un monument / Un numéro de régiment / Dans le silence des canons … »). Et s’il exprime souvent une vision critique de notre humanité, il reste indulgent envers nos semblables allant jusqu’à admettre « que tout cons qu’ils sont / Parfois ils sont intelligents / Les cons ».

Compositeur talentueux, Jacques Goudeaux sait teinter de couleurs les notes qu’il choisit pour mettre en valeur « l’archipel des mots » passés au sas étroit de son exigence et de sa rigueur à la Brassens. Les orchestrations signées du fidèle Patrice Peyriéras viennent apporter la touche finale qui émaille d’embellies le climat émotionnel de l’ensemble grâce en particulier au violoncelle d’Andrée Marquet.

La rondeur moelleuse de la voix de Jacques Goudeaux traduisant une sensibilité à fleur de cœur fait que ce disque s’apprécie en gourmet plutôt qu’en gourmand.

Michel Bombart. ( Je Chante ! Revue de la chanson française )



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Présentation 2

Jacques Goudeaux possède cette forme supérieure de l’imagination qui érige en symboles les objets sensibles, et fait transparaître l’universel dans l’expression du particulier… Quelles qu’aient été les influences de ses aînés, inconscientes ou pas, avouées ou non, le vrai poète trouve son chemin. Depuis déjà quelques années, Jacques Goudeaux a trouvé le sien et, en une vingtaine de chansons, nous entraîne avec lui à travers siècles et vallons.

La diversité des rivages abordés et des musiques proposées dans cet album ne nuisent pas, bien au contraire, à l’unité qui s’en dégage, à un certain climat bien reconnaissable, sans doute propre aux arrangements à la fois sobres, minutieux et spontanés de Patrice Peyriéras : celui-ci, après avoir accompagné sur disque ou sur scène des grandes pointures de la chanson comme Barbara, Michel Legrand ou Aznavour n’est plus à présenter ; qu’il soit cependant permis de rendre hommage à son talent ainsi qu’aux musiciens qu’il dirige et qui l’ont si habilement secondé…


Entre rêve et réalité
Dans l’espace et le temps,
Sous tant d’autres identités
S’échapper du présent…

Avec ce premier titre, Les héros de romans, nous poussons la porte d’un univers à la fois familier et mythique où la lutte du bien et du mal est soulignée par une musique entraînante et martiale ; ce thème inédit permet à l’auditeur en mal d’aventures, réelles ou imaginaires, irrationnelles ou non, de gagner les « archipels » chers à Rimbaud à travers les archipels de mots de l’auteur.


En tourbillons me reviennent
Que je croyais oubliées,
Tant d’images anciennes,
Bribes éparpillées…

Le titre générique de la chanson Tristesse d’Olympio évoque, à travers un clin d’œil au vieux père Hugo, le monde déformé du souvenir. Il s’agit ici de celui de l’enfance que les ans ont embelli et qui laisse défiler toute une imagerie d’Épinal avec le préau de l’école, le maréchal-ferrant ou les chemins au dos sombre d’un village blotti au cœur du temps ; et la chanson, que n’eût pas désavouée Duteil, s’achève dans les regrets d’une mélodie facile à mémoriser


De ces clichés qu’on étala,
Quel est celui qu’on commémore,
Le peuple un jour brûlant ceux-là
Qu’il acclamait hier encore ?

L’idée est originale et nous conduit à travers L’histoire dans une nouvelle approche non sans humour de notre histoire de France et de ses fausses réputations ; l’on peut notamment y faire la rencontre du très masochiste Saint-Louis qui glandait sous son chêne ou de notre divine Pucelle qui ne l’est pas restée bien longtemps !


Ami Thibaut, sans une plainte,
Les mauvais ans rongent tes doigts ;
Sur toi la misère est empreinte
Et jusqu’au chaume de ton toit.

Ce beau texte, en manière d’hommage à nos lointains paysans est magnifié par une musique en mode mineur, plus Renaissance que moyenâgeuse mais qui lui donne toute sa dimension. La richesse du vocabulaire employé ici n’a d’égal que la pauvreté de l’Ami Thibaut évoqué par la chanson.


Je porte sur le front toutes les rides du
Monde et je t’aime encor : Pour les odeurs froissées
Dans les plis de nos ciels ; pour les frissons perdus
Que l’ancolie coupée…

De par le découpage des phrases ou des idées à l’intérieur d’un même vers ou d’un quatrain à l’autre, la mise en chanson du texte pouvait tenir de la gageure. Cette belle mélodie, Les tempes grises, est remarquablement servie par le chanteur aux intonations à la fois viriles et douces et les arrangements en répons entre piano et violoncelle.


Je sème des notes et des rimes
Des petits vers de cabaret
Et contre lesquels je m’escrime
Bien qu’ils n’aient guère d’intérêt…

Simplicité et impertinence animent ce Petit Poucet de la chanson, texte sautillant et sans prétention mais dans lequel on aimerait un tant soit peu se retrouver.


Tiens ! La fillette à Dorine
Fait jaser le patelin ;
De père elle est orpheline :
Monseigneur est le parrain !…

Ragots villageois et potins « à la une » que l’on a déjà pu rencontrer chez Anne Sylvestre. Le ton est bon enfant où mâtine joue avec matin sur un contre-chant de clavecin : de quoi satisfaire la curiosité de Ma cousine !


Pour avoir ardemment chassé les hérétiques,
Ceux qui osaient penser autrement que par vous,
Pour vous être acharnés sur le dos des sceptiques
Sans admettre jamais que l’on vous désavoue

Ce texte documenté et sans indulgence fustige la valeureuse Église qui a si bien su assombrir le siècle des Lumières. Deo gratia sonne ici comme un glas.


Hardi
Larguez
Voile au vent
Droit devant…

Joli travail d’écriture en vers de deux ou trois pieds pour une comptine alerte où sur un fond de boîte à musique la flûte est la bienvenue. «Bateau, sur l’eau !» : on se revoit, petit garçon en barboteuse, penché sur le bassin de l’Évêché ou d’ailleurs.


Car enfin il est à l'âge
Où, par d'injustes dommages,
Le temps se commet parfois
Mais son miroir lui compose
Un teint toujours frais et rose
Entre deux crises de foie.

Portrait bien brossé d’un certain type de flambeur. Un peu d’indulgence, toutefois, tend à rendre Monsieur plus sympathique !


Leur cause est méritoire
Ils font semblant d’y croire
Finissent par y croire
En leur esprit fécond
Les cons

Quelques couplets d’humeur sur les Autres, à la fin desquels on apprend, non sans surprise, qu’ils peuvent même être intelligents ! Très différents, en tout cas des Cons de Charles Dumont.


Mais la Coquille est morte et tous les gais compaings
Sont jetés dans les puits, pendus ou échaudés
Et par l’azur noirci des beaux soirs étoilés,
L’Errant demande grâce en dérobant son pain.

Quelle bonne idée que de laisser Louis Pergaud, le poète des animaux et des enfants rendre hommage au travers du passé à celui des gueux, François Villon, avec un accordéon de malheur qui accompagne le triste, le méchant, le joyeux et le fou…


Et que la musique vous soit jolie
Il faut bien un brin de folie
Au rythme endiablé sans vous faire prier
Sautez sur la pointe des pieds…

Le Soir de Saint-Jean, la nuit la plus courte de l’année a plus souvent été évoquée en littérature qu’en musique. Celle-ci, en tout cas, est une farandole qui fleure bon la Provence avec ses fifres et tambourins…


J’ai navigué au fil des pages
En Robinson de galerie
Naufragé de l’imaginaire…

Étrange voyage à travers les hommes et le temps… Ce thème des souvenirs, cher à l’auteur, nous invite à le suivre avec pudeur et retenue dans ce parcours où onirisme et réalité se rejoignent en une interrogation finale.


Venez à moi, claquepatins,
Loqueteux, joueurs de musettes,
Clampins, loupeurs, voyous, catins,
Et marmousets et marmousettes…

Rien de plus normal pour le troubadour qu’est Jacques Goudeaux que d’avoir adapté, sur un fond d’accordéon, La Ballade du Roi des Gueux pour une chanson à la Brassens où Richepin, le poète de la Chanson des Gueux, tire un véritable feu d’artifice de mots anciens et argotiques que le soleil a teints…


Elle s’étire elle se glisse
Nous pénétrant comme un poison
Elle s’insinue elle s’immisce
Et nous fait taire la raison…

Juste analyse d’un thème toujours d’actualité, La rumeur, et dont le ton est tempéré par le changement de rythme d’un refrain plein de bonhomie.


C’est là que j’ai confié
au miroir de mon âme
mes doutes, mes faiblesses,
toutes mes craintes aussi.

Renouvellement complet d’un sujet exploité notamment par Barbara et Reggiani, où l’harmonica déchirant sur un fond de picking met en relief Ma solitude, une belle mélodie bardée de rêves…


Ils attendaient comme on espère
Quelque miracle au nom du Père...
Ils ne seront jamais qu’un nom
Sur une pierre, un monument,
Un numéro de régiment
Dans le silence des canons…

Cette critique, pourtant assez conventionnelle de la guerre n’est pas sans intérêt et nous enrôle dans l’absurdité d’un monde où, Au nom de la Patrie, la gloire est fille de l’horreur avec flingots et roulements de tambour…


Mais on ne t’en veut pas : on t’est restés fidèles,
La camarde a eu beau souffler sur la chandelle,
Encore bien campé, tu continues à être
Après avoir été ; toi qui fus notre maître
Incontestable, incontesté
Même en ton ciel tu l’es resté !

Ce nouvel hommage À Brassens, consacre s’il en était encore besoin la pérennité de l’œuvre de celui-ci. Bien sûr, texte, mélodie et arrangements restent dans l’esprit du maître ; on appréciera la seconde guitare « jazz » qui souligne l’amitié des Copains d’abord et passe des éternels oubliés, Rosso et Crolla, à l’accordéon du Vieux Léon…


Pour faire bonne mesure
Ils pimentent la sauce
D’un fiel de leur mixture
D’amertume ils l’arrosent
Voilà bonne recette
Pour avoir place nette

Jacques Goudeaux fait l’aumône d’une chanson à ces petits Petits Chefs que l’on ne peut cependant pas préférer aux Cons.


Va vite, léger peigneur de comètes !
Les herbes au vent seront tes cheveux ;
De ton œil béant jailliront les feux
Follets, prisonniers dans les pauvres têtes...

Petit mort pour rire : Ces deux poèmes de Tristan Corbière, pleins de fleurs, de lumières et de tombes, recouvrent une nouvelle jeunesse dans cette riche adaptation qu’en fait notre nouveau voleur d’étincelles.


Sans même en faire l’inventaire
De l’orient jusqu’à l’occident,
Quel est celui qui se prétend
Notre ennemi héréditaire
Sinon l’anglais ?

Au-delà de l’humour et de la caricature d’Anglophobie, n’est-ce pas tout simplement la volonté de l’auteur que de portraiturer au plus juste la Perfide Albion ? Les amateurs de rugby apprécieront ce petit clin d’œil à l’Ovalie que l’on rencontre rarement dans l’univers de la chanson française.


Allez si ça t’amuse
Au lieu de la bercer
Gourmande un peu ta muse
Car elle va se lasser
De cette grâce infuse
Pose un peu tes lauriers
Pose un peu tes lauriers

Le texte de Chanson légère, de facture classique avec sept sixains d’hexamètres où alternent avec régularité rimes féminines et masculines dénonce paradoxalement, en termes des plus choisis ceux qui, figés dans des archaïsmes désuets et datant de quatre siècles n’ont pas compris que la langue et son expression la plus subtile devaient nécessairement évoluer.


Au firmament
De cette nuit,
Un astre luit
Comme un diamant.

L’écriture en vers de quatre pieds demandant une maîtrise certaine, le thème par trop usé par les temps rajoutant à la difficulté, il pouvait sembler improbable de composer une énième Berceuse de Noël susceptible d’émerveiller l’auditeur. C’est pourtant le cas pour cette dernière chanson que nous écouterons en fermant les yeux …

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