Quand Monsieur,
Monsieur discute, Jamais rien ne le rebute, Tout est digne d'intérêt : Du moindre petit chapitre, Il se fait à plus d'un titre L'animateur éclairé. Sur le mode anecdotique Il vous confie, fatidique, Les pires absurdités : N'allez point le contredire, Faites semblant, laissez
dire, En toute duplicité !
S'il vous parle de la Bourse Ou du résultat des courses, Sachez vous en souvenir ; C'est qu'en ces temps
difficiles Rien n'est jamais inutile, Dame ! il faut se prémunir… De son tarin la limite D'horizon est trop petite : Il a d'autres ambitions ; Du reste il porte lunettes Afin que lui soit plus nette Et plus juste sa vision.
Monsieur se voudrait artiste Mais sa muse lui résiste, Persiste et fait l'entêtée. Quand bien même il la
gourmande, Souvent elle se décommande… Et Monsieur de tempêter. Encensez-le, il proteste L'air si faussement modeste Qu'il s'épanche, roucoulant, Consent à se reconnaître Un vague génie, peut-être, Pour tout dire du talent.
Car enfin il est à l'âge Où, par d'injustes dommages, Le temps se commet parfois Mais son miroir lui compose Un teint toujours frais et
rose Entre deux crises de foie. Bien qu'il se veuille
optimiste (Sachez que rien ne résiste À la flamme de ses yeux ! ) Il n'a plus, quelle
tristesse, Plus qu'une seule maîtresse Qui de train en
arrière-train, Monsieur, L'a fourré dans le pétrin, Monsieur !