À Brassens.



Commandes


Le visage barré par de larges bacchantes
Et l’accent rocailleux, la tournure élégante,
Toi, l’humble troubadour, à certains n’en déplaise,
Du vieil ours mal léché, tu n’avais rien, foutaise !
De la chanson, malgré les ans,
Tu es le plus bel artisan.

Cependant il y a plus d’un printemps, pépère,
Que t’as hissé les voiles, que tu t’es fait la paire
Par un jour de grand vent, un jour de tramontane,
Plantant sans crier gare à l’ombre d’un platane,
Amis, copains pour folâtrer
Vers d’autres cieux, d’autres contrées.

Mais on ne t’en veut pas : on t’est restés fidèles,
La camarde a eu beau souffler sur la chandelle,
Encore bien campé, tu continues à être
Après avoir été ; toi qui fus notre maître
Incontestable, incontesté
Même en ton ciel tu l’es resté !

Et faisant un crochet par le septième étage,
Gare aux dames d’antan qui ont la mort bien sage :
Aussi leur dédies-tu quelque chanson sacrée,
L’un de tes beaux refrains, une ode consacrée,
Que diable, aux fins fonds de nos cieux,
Faut bien se divertir un peu !

La musique céleste, c’est bon pour les cagotes
Et quand ils t’entendront rythmer tes quelques notes,
Les anges avec leurs ailes largueront dare-dare
Harpes, flûtes, hautbois pour gratter la guitare :
L’est grand temps pour ces chérubins
De se mettre un peu dans le bain !

Sûr que t’as fait ton trou, que sans cérémonie
T’as retrouvé Rosso, Crolla et compagnie.
Histoire de faire un boeuf, d’être de la partie,
D’autres vous ont rejoints en toute modestie
Et sur un air d’accordéon,
T’accompagne le vieux Léon ...


Copyright © Jacques Goudeaux - décembre 1989 / Dépôt SACEM : 1993

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