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JACQUES GOUDEAUX |
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TEXTES ET MUSIQUES DÉPOSÉS À LA SACEM®
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Sortons un peu des sentiers battus de la chanson contemporaine pour nous éloigner par un autre chemin, plus sinueux, certes, mais qui vaut le détour. Laissons-les pour nous diriger en un en un endroit où la part du rêve se mêle étrangement à une réalité palpable, où le flot des souvenirs est endigué par des habitudes de façade mais où l’incertitude commande le présent. |
Plus
ce monde est illusoire
Moins on se fait d’illusions
!
Car c’est bien le plus souvent de cela qu’il s’agit : doute face à une prétendue vérité d’ordre moral ou religieux, doute encore face à soi et à son image dans le Miroir, entre l’actif qu’on se serait voulu et le passif qu’on réalise mal, |
On
se voudrait passant
bien que déjà passé ...
doute enfin d’où ressort une inébranlable confiance en l’être… |
L’espoir
s’est dissipé,
l’espérance demeure.
N’en déplaise aux "philosophes à bonnet carré"
de la chanson, théologiens de tout poil et théosophes de tous
ordres,
ce doute-là n’est point profanation. Si l’expression est crue
— sans
pour autant servir d’exutoire — elle n’en est que plus
volontairement
dérangeante. Quand la caricature prend le pas sur le réel, la
véhémence
réfléchie réveille les lointains échos du "Marginal"
comme ces Moutons
de Panurge,
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Bêlant
à qui mieux mieux
(Qui) suivent le troupeau…
Toutefois, l’anticonformisme n’est pas le fond de commerce de
ses
chansons. S’il se plaît à souligner les carences de la
société, cet
idéaliste réfléchi a trop les pieds sur terre pour savoir
qu’on ne
refait pas le monde.
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Comme
il était d’un autre
Pays n’était pas de chez nous
Pas un seul de nous autres
Ne voulut causer de remous
...
La chanson est pour lui une façon d’exprimer sa liberté, celle
de
penser autrement, quitte à déplaire à certains, quitte aussi à
se
tromper :
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Mais
que je me fourvoie,
que j’aille à l’aveuglette,
Bon dieu si vous avez
quelque autorité faites
Que jamais, jamais je ne sois
Un mouton de Panurge !
La fluidité apparente de son style résulte d’un travail de
longue
haleine et d’un rigorisme certain. Ainsi l’extrait de cette
chanson, Qu’avez-vous
rencontré ?
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N’était-ce
pas plutôt
Par le charme d’Orphée
Une ronde de fées
Sur un air de flûteau
De ces nymphes aux pieds nus
Divines oréades
Et dont le chant menu
Fait battre la chamade
Parmi l’aube nouvelle
Était-ce l’une d’elles
Ou bien tout simplement
Le murmure du vent…
C’est de cette patiente réflexion que naîtra le mot qui
frappe,
l’expression qui tranche, l’allégorie, la métaphore, le trait
d’esprit
ou la délicate poésie, témoin cet extrait de Chanson
légère :
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Au
sommet du Parnasse
Les muses sont amies
Alors grand bien leur fasse
Comble d’effronterie
Moi je me décarcasse
Pour quelques pissenlits
Ainsi, par une alliance de raison, les muses
confèrent-elles une âme à
ces chansons. Ainsi le mariage entre rythme et mélodie
donne-t-il au
texte l’élan nécessaire à son essor.
Jacques Goudeaux est resté fidèle à la grande tradition de
la chanson
française, de la poésie parfaite selon l’art à la
fraîcheur naïve de la
poésie populaire, mythologie des gens du peuple et des
enfants.
Il est de ceux qui peuvent aider à se garder de certaines
contagions,
des illusions et des puérilités d’un intellectualisme à la
mode dont il
a mesuré l’aune et dont il a su se démarquer.
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RETOUR Présentation 1
Présentation 2
Après un premier album vinyle ( “ les
Bohémiens ” ) suivi d’une cassette ( “ Pergaud
” ) toujours disponibles,
Jacques
Goudeaux,
— originaire de la Corrèze — vient de sortir un disque compact
auto-produit regroupant 24 nouvelles chansons enregistrées
avec
savoir-faire au studio Corydalis à Limoges.
Cet enseignant,
auteur-compositeur-interprète, écrit des textes qui
apparaissent à la
première écoute nimbés de fraîcheur et de naïveté. Cependant,
une
oreille plus attentive permet de découvrir sous la joliesse
des mots
choisis avec pertinence toute une philosophie de la vie qui ne
laisse
pas indifférent l’auditeur attentif.
Quand il chante les balbutiements de l’amour adolescent (“Ô perfide Albion” ”Nous n’avions pas quinze ans”), l’amour dans sa plénitude (“ la Mer est dans tes yeux ”), l’amour dans sa dimension charnelle avec un vocabulaire aux nombreux sous-entendus évocateurs mais pudiques (“l’Utile à l’agréable”), l’amour qui dérape et bascule soudain (“Mado”, toi qui “pleures en effeuillant ton passé sur le dos ”), Jacques Goudeaux sait toujours trouver l’image juste et simple, loin des “penseurs trop pensant ” (“Bonnes gens”). Il fait d’ailleurs souvent songer par petites touches éparses mais nettes au maître Georges Brassens ; ainsi, dans la “Complainte pour un pauvre bougre”, il nous décrit avec réalisme l’existence d’un bonhomme qui étant ”d’un autre pays n’était pas de chez nous ”, le paie de sa vie. Autre influence sensible jusque dans l’interprétation, celle d’Henri Tachan, dans des chansons comme “l’Hérédité” qui “nous traque du fond des âges ”, “les Moutons de Panurge” qui “savent leurs leçons jusqu’au bout de leurs doigts ” , “la Main molle” des “culs-bénits qui puent l’encens ” ou encore ce curé de “Bon Dieu n’ayez cure” qui, entre autres hérésies “boit du porto le jour du carême ” ou glisse le portrait de sa soubrette “dans son bréviaire entre deux prières ”. Un réquisitoire appuyé contre le conformisme ambiant qui tue dans l’oeuf ce qui sort des sentiers balisés. Lorsqu’il n’interprète pas ses propres oeuvres, Jacques Goudeaux met en musique avec talent les poètes qu’il aime : Jean Richepin (“Trois petits oiseaux dans les blés”), Charles Van Lerberghe (“De mon mystérieux voyage”) et Pierre de Marbeuf (“Et la mer et l’amour”). Sensuellement accompagné, sur des orchestrations soignées du fidèle Patrice Peyriéras, par des claviers et des percussions discrets, un violoncelle et sa guitare, la voix de Jacques Goudeaux, chaleureuse et claire, n’est jamais couverte par la musique pour les plus grands plaisir et confort de l’amateur de chansons signifiantes. Un disque fort agréable à écouter et à réécouter sans lassitude car “elle vole, court, et danse, la belle chanson ” d’un auteur-compositeur-interprète méritant d’être encouragé à persévérer dans la voie de l’exigence et de l’originalité poétique qui est la sienne. Michel
Bombart 1994 - Revue JE CHANTE !
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