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Pingouin |
Pichon |
Pagnoux |
la Ritou |
Je
l’ai vu avec une cigarette sur chaque
oreille, ce qui lui permettait de remplacer
rapidement celle qu’il avait en
bouche ! Il roulait lui-même ses
cigarettes dont le tabac pendait aux deux
extrémités. Ma mère lui ayant demandé s’il avait vu la mer, il lui répondit : « Oui, une fois, à Bordeaux ! » Sa passion pour les chevaux et sa grande habileté à les conduire venait de ce passé lointain. À Pressignac, il conduisait les chevaux des boulangers Justin puis Gaston Viroulaud, dans les tournées pour vendre le pain dans les villages. Ces braves bêtes s’appelaient Coquette puis Bijou. En l’absence de ses patrons, et pour épater Jeannot Viroulaud enfant, il se mettait debout à l’avant de la carriole, et tel Ben Hur, lançait son cheval au galop ! Il pouvait aussi aller chercher des voyageurs à la gare de Chabanais. Il conduisait également le corbillard. Comme il avait un penchant prononcé pour le pinard, Gaston mettait de l’eau dans son vin, sans qu’il s’en rendît compte ! Son véritable nom était Louis Granet. HENRI PICHON
Henri Pichon et sa femme Maria formaient un couple étonnant : ils étaient tous les deux atteints de malformations, en particulier aux pieds, et même aux mains pour Henri, ce qui ne l’empêcha pas d’être un bon sabotier, alors que Maria était couturière. Leurs pieds bots étaient chaussés de grosses chaussures noires bombées. Quand ils marchaient, cela les faisait dandiner de droite à gauche, ce qui était comique pour les enfants, surtout quand ils marchaient l’un à côté de l’autre ! Quand
elle était en retard pour aller à la messe, un
dialogue savoureux (en patois) était entendu par les
voisins : « Henri, mon chapeau ! La
messe est sonnée ! Elle va être
dite ! » Et Henri de répondre :
« Eh bien ! S’ils la disent, qu’ils la
disent ! » En patois : « Si lo disin
qui lo disan ! » Sa passion pour la cause halieutique l’entraînait à n’en plus finir sur des histoires de pêches miraculeuses et de conseils aux débutants, du genre : « Quand le bouchon fait zog, zog, zog, c’est une tanche ! », qu’il mimait avec sa main déformée. C’est lui qui donna à la nouvelle société de pêche de Pressignac le nom de son poisson favori : « La Tanche de Pressignac ». Il en fut le premier président (les suivants furent André Soury, Pierre Gaillard et Robert Gellibert. J’en fus le dernier secrétaire, de 2009 à 2015, date de la dissolution de cette vieille institution née en 1955.) Le soir de sa nomination comme président de la Tanche, alors qu’il venait de s’étendre dans le lit conjugal aux côtés de sa Maria, il eut ce mot (mais qui a bien pu le répéter ?) : « Dis, Maria, qu’est-ce que ça te fait de coucher à côté de la cuisse d’un président ? » Personne n’a jamais su ce que Maria avait répondu !
La dernière fois que je le vis chez Merle, il me dit en patois : « J’ai un poumon pourri et l’autre qui ne vaut guère mieux ! » Effectivement, il mourut peu de temps après. Il était cantonnier, mais aussi coiffeur pour hommes. Lors d’un voyage du club du 3e âge organisé par Élie Boulesteix, il arriva à l’aéroport de Limoges plus qu’éméché et sans sa carte d’identité ! Quand
il
partit pour la guerre, ne sachant pas écrire,
demanda à un autre soldat (pas trop fort en
orthographe) de répondre à une lettre : « Mon
femme m'a écrit. En route pour la bicicle »
Marguerite Raynaud, née Chabanne, était connue sous son diminutif de Ritou, et son bistrot-épicerie sous le nom de « Chez la Ritou ». Elle s’occupait aussi du service de la bascule publique qui était sur la place et possédait après la guerre un des rares téléphones de la commune. Les clients et les voisins pouvaient téléphoner depuis chez elle ! Son mari, un petit bonhomme surnommé « Touniau », était souvent commandé ou réprimandé en public par ses soins. Il attelait parfois sa chèvre à une petite carriole. Chèvre qui se promenait, comme sa truie et ses poules dans le chemin de l’Évier, à l’entrée de l’école et de la mairie, sans que personne y trouve à redire ! La Ritou était souvent distraite et sans manières ! Une fois, son café ayant bouilli et débordé de la cafetière, elle prit son mouchoir pour éponger ce qui était tombé sur la cuisinière, puis l’essora soigneusement au-dessus de la cafetière. Les clients durent boire du bon café ! Elle mit un lapin qu’elle venait de tuer dans le four de la cuisinière, pensant le dépouiller plus tard, mais elle l’oublia et alluma le feu… Un jour, mais elle était déjà âgée, elle arriva à la messe son transistor à la main, croyant avoir pris son sac à main ! Elle laissait parfois la bouteille de vin ou le bocal de prunes devant ses clients, en leur disant : « Servez-vous, je reviens dans un moment. » Mais personne n’en abusait ni ne partait sans payer. Enfin, chose affreuse, une fois, la courante l’ayant prise sur la place en face de chez elle, on put la suivre à la trace sur la route…
Ces anecdotes sur quatre personnages pittoresques de la commune ne sont que des compléments aux notices rédigées avec talent par Jacques Goudeaux il y a quelques années.
©
André Berland. Pressignac, 2020
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