Je ne
suis pas artiste : Je ne
suis qu’artisan…
Croyez-moi, ça m’attriste, C’est
démoralisant ; J’ai
pas grand-chose à dire — De
plus rien d’important — Si
j’accorde ma lyre, J’en
joue à contretemps !
Forcené de la rime,
Tâcheron sans allant, Je
traite ma déprime A
grands coups d’expédients. Sur
Untel de médire, Je ne
suis pas exempt,
Preuve que mon délire Quand
même est consternant !
Il
n’a point de génie Encor
moins de talent ; Je
voue aux gémonies
Quiconque le défend ; Las !
il faut reconnaître Grâce
à ses faux-semblants Qu’il
sait fort se repaître De
l’ineptie des gens.
Cependant que j’admire Sa
fatuité de paon, Quand
il se fait reluire
Jusqu’au ton vif argent ! Car
c’est bien son domaine, Son
fief, son élément : Tous
ses chemins le mènent Aux
credo du présent.
Rien
jamais ne l’arrête : S’il
se pose un moment… Se
pavane et s’apprête En
cuistre impénitent. Ce
monde d’opérette, De
lustre et de clinquant, De
strass et de paillettes Est
bien trop affligeant…
mais…
Je ne
suis pas artiste : Je ne
suis qu’artisan…
Croyez-moi, ça m’attriste, C’est
démoralisant ; J’ai
pas grand-chose à dire — De
plus rien d’important — Si
j’accorde ma lyre, J’en
joue à contretemps !