10 mai 1944

Un avion britannique s’écrase au Groslaud,
près de Chabanais.



(2e partie - suite)



Pendant ce temps, que devenaient Coldridge et Medland ?

« Nous nous sommes cachés dans les bois la nuit, et le matin avons contacté un paysan du village des Brosses (à 2 km à l'Est de Rochechouart) qui nous a caché et nourri puis conduit au plus proche maquis. Des officiers FFI sont arrivés et nous ont conduit dans la forêt de Rochechouart. Nous sommes restés avec eux jusqu'au 3 juin. Nous avons discuté des chances de passer en Espagne avec un officier français de l'Intelligence Service, mais il nous a dit que ce n'était pas un bon choix, pour le moment »
.

(À noter qu'ils ne disent pas un mot sur l'épisode, pourtant avéré par des témoins, de la récupération d'armes et munitions dans la carcasse du Halifax au Groslaud, ni de leur prise en charge pour quelques jours par le Maquis de Pressignac qui n'était qu'une fraction de celui de Rochechouart. Mais le rapport est très succinct.)

Coldridge et Medland rapportent ensuite :

« Le 10 juin, nous partîmes pour marcher vers le Sud. Nous avons été nourris et hébergés par un officier polonais au château du village de Saint-Auvent, puis nous sommes partis au Q.G. du Maquis à Cussac.
( le fameux maquis de la forêt de Boubon dont les « trous » ou « gourbis » sont encore fort bien conservés). Avec le Maquis, nous avons participé à des opérations, faisant sauter des trains, pillant des entrepôts, etc. » (Parmi les maquisards, Albert Giry, qui recevra après la guerre la médaille de la RAF Escaping Society, pour avoir aidé nos aviateurs, et deviendra député-maire de Romainville dans la région parisienne).

Puis c'est la brève rencontre entre les deux petits groupes : « Nous avons aussi rencontré deux autres membres de l'équipage, les officiers Coldridge et Medland » signale Evans. Alors que Coldridge et Medland disent : « Le 13 juin, l'officier Evans et les sergents Jones et Blackett, de notre équipage, qui étaient avec le Maquis, sont partis vers l'Est, mais nous ne connaissons pas leur sort ». (erreur de date et de direction…)

Le « gourbi réfectoire » du Maquis de la forêt de Boubon à Cussac (Haute-Vienne)

Evans poursuit : « Nous sommes allés dans un autre camp et nous avons été attaqués par une importante force d'Allemands. Les deux sergents et moi, nous nous sommes sauvés lors de la contre-attaque et finalement avons marché vers le Sud, contactant de nombreux maquis. Nous avons atteint Châlus où nous sommes restés une semaine, puis sommes partis encore vers le Sud. Nous sommes arrivés à un autre camp, à Saint-Saud (Saint-Saud-Lacoussière. Dordogne) où nous avons rejoint les forces du Maquis. Nous étions avec eux comme instructeurs pour la réception des conteneurs, le maniement des fusils et des grenades, pendant environ trois mois ».

Il s'agit d'un maquis de l'A.S (Armée Secrète) de Dordogne- Nord qui formera un peu plus tard la 6è compagnie de la célèbre « brigade Rac » commandée par Rodolphe Cézard (Rac)  qui participera activement à la libération de Périgueux, Angoulême, Saintes et aux combats de la poche de Royan et de l'île d'Oléron.

Nos aviateurs furent hébergés dans une famille du village de la Bûcherie, commune de Saint-Saud.  C'était la famille de Françoise Ribeireix, qui avait 7 ans en 1944, et qui s'en souvenait en 2004 lorsqu'elle fut interviewée par un journal d'Ipswish (Suffolk), ville anglaise où elle résidait.

De très belles et très rares photos nous font partager un moment de détente des maquisards et de leurs amis anglais , autour d'une grande table, dans les bois de Boudeau, près de Thiviers. Elles ont été prises fin mai 1944, alors que Evans, Jones et Blackett venaient juste d'arriver en Dordogne. Le photographe est un certain André Léonard.

Sur la première photo ci-dessous, il est difficile de reconnaître l'officier Evans, mais les deux sergents ont été identifiés par leurs familles. Le sergent Blackett est au premier plan, à la droite d'un maquisard en tricot blanc et béret sur la tête. Le sergent Jones lui fait face et lève son verre, une cigarette à la main.





dans les bois de Boudeau

 Jones et Blackett
Au premier plan à gauche, assis en vêtements sombres, est-ce Evans ?  Blackett est debout à droite.

© André Berland - 2019


RETOUR