LE TRÉSOR DE LA GUIERCE, À PRESSIGNAC,
REDÉCOUVERT.

Par André Berland et Laurent Pelpel



Introduction




L’existence d’un trésor gallo-romain découvert au XIXe siècle près du village de la Guierce, commune de Pressignac (Charente), était connue depuis longtemps, tout au moins par les historiens et archéologues locaux travaillant sur le site de l’antique Cassinomagus (aujourd’hui Chassenon), tout proche.
Ainsi, Alphonse Précigou, archéologue et historien de Rochechouart (Haute-Vienne), dans le  Bulletin de la société des Amis des Sciences et des Arts de Rochechouart de l’année 1898,  décrit rapidement le contenu du trésor, citant, sans aucune précision, un texte de Maurice Ardant.
Les indications d’Alphonse Précigou seront reprises, beaucoup plus tard, en 1958, par Jean-Henri Moreau, l’archéologue de Rochechouart qui va faire sortir de terre et ressusciter les splendides thermes de Cassinomagus, dans son  Recueil de textes sur les ruines gallo-romaines de Chassenon.
La même année, l’archéologue charentais Joseph Piveteau, dans son   Inventaire archéologique de la Charente  publié par la Société archéologique et historique de la Charente, faisait allusion, de façon erronée, comme nous le verrons, à ce trésor.
André Berland, historien local et co-auteur de ces lignes, reprit dans ses ouvrages  Pressignac en Charente limousine autrefois  (1987) et Chassenon d’hier et d’aujourd’hui  (1993), les maigres renseignements fournis par Alphonse Précigou et Jean-Henri Moreau.
Quant à la population locale, elle n’avait plus aucun souvenir de cette découverte, dont la date n’était même pas très précisément connue des érudits (1855, 1878, 1897 ?).
Enfin, personne, dans la région, ne savait ce qu’était devenu le contenu de ce trésor…
C’est alors qu’en 2004, des personnes originaires de Pressignac, eurent la surprise, en visitant le musée archéologique départemental Dobrée, à Nantes, de voir dans une vitrine des bijoux provenant du trésor gallo-romain de la Guierce.
Ayant pris contact avec le conservateur du musée Dobrée, Jacques Santrot, ce dernier nous fournit obligeamment des renseignements beaucoup plus précis : non seulement la liste des bijoux conservés à Nantes, mais aussi la révélation qu’un vase en bronze émaillé provenant de ce trésor se trouvait au Metropolitan Museum of Art de New York. Il nous fournit aussi une première approche de l’historique de la dispersion des objets du trésor, passant des inventeurs aux collectionneurs ou aux archéologues, puis aux musées.
Nous apprîmes également que le nom du village où eut lieu la découverte avait souvent varié dans les publications, et que aujourd’hui encore, il restait incertain pour beaucoup, ce trésor étant appelé indifféremment de la Guierce, de la Dierse, de la Guierche et même de Grenord, selon les époques, les auteurs et les musées ! Sans oublier Joseph Piveteau qui écrivait avec raison « trésor de la Guierce », mais le situait dans un  « camp romain », et lui donnait comme inventeur un certain M. de Chaussy, l’ayant sans doute confondu avec M. de Chassay qui acheta quelques bijoux et monnaies aux véritables inventeurs du trésor, les frères Bissirieix, résidant à Grenord, commune de Chabanais.
On comprend déjà que la localisation, par certains, du trésor à Grenord, vient du lieu de résidence des inventeurs, situé tout de même à plus de 4 km de la Guierce.
Quant à la Dierse, c’est le nom qui apparaît sur le plan cadastral de Pressignac, réalisé en 1834, pour désigner ce hameau qui, au milieu du XXe siècle, prit le nom de la Guierce. On peut donc dire trésor de la Dierse ou de la Guierce, mais absolument pas de la Guierche, comme la notice du vase du Metropolitan Museum of Art de New York l’indique, ce qui a
induit en erreur quelques spécialistes des émaux, confondant la Guierche, commune de la Sarthe, avec la Guierce, hameau de la commune de Pressignac.



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