10 mai 1944

Un avion britannique s’écrase au Groslaud,
près de Chabanais.



(2e partie - fin)



Poursuivons avec le rapport d'évasion de Coldridge et Medland :

« Nous sommes partis à pied le 15 juin vers le Sud, mais avons été arrêtés par une patrouille  de gardes républicains (sic, sans doute des gendarmes) qui nous ont interrogé. Ils nous ont relâché et nous avons continué vers le Sud. Nous avions des faux papiers, des tickets de rationnement et le Maquis nous avait donné une adresse à Paris.
Nous sommes allés en train à Argenton-sur-Creuse et avons rencontré un civil qui nous a donné des vêtements civils neufs et des bicyclettes. Nous avons voyagé plusieurs jours à bicyclette et sommes arrivés à l'adresse de Paris, mais nous n'avons pas obtenu d'aide.
Nous avons contacté la Résistance à Paris et ils nous ont aidé en nous donnant un agent qui nous emmènerait dans le Sud vers l'Espagne. Nous sommes partis de Paris le 18 juillet avec cet agent et deux femmes membres de la Résistance, et avons atteint Tarbes le 30 juillet. Nous y sommes restés jusqu'au 5 août et sommes ensuite partis avec une voiture du Maquis puis à pied vers l'Espagne.
Le 8 août nous avons été arrêtés par la garde civile à Labuerda (Aragon) avec le capitaine Gérard Courte, un officier français de l'Intelligence Service, et deux civils. L'officier assura qu'il avait des photos des atrocités françaises, des documents relatifs aux opérations du Maquis et à l'organisation de la main d'oeuvre en France. La dernière fois que nous le vîmes, il était aux mains de l'armée espagnole. Nous fûmes emprisonnés à Boltana (Aragon) et interrogés par les Espagnols, mais relâchés et finalement nous sommes arrivés et nous sommes présentés au consulat britannique de Madrid. »

De là ils furent dirigés vers l'enclave britannique de Gibraltar où ils prirent l'avion le 5 septembre pour atterrir en Angleterre le lendemain 6 septembre 1944. C'était la fin d'un étonnant périple !

Ce jour-là, 6 septembre 1944, Evans, Jones et Blackett étaient à Limoges, se préparant à rentrer « à la maison ». Leurs familles qui devaient les croire disparus, venaient juste d'être informées par un message de la « Mission Alexander », mission américaine de renseignements, envoyé à Londres le 24 août, annonçant : «  Prévenez les femmes et les familles des suivants : Evans RCAF, Jones RAF, Blackett RAF, qu'ils vont bien. Ils sont avec le Maquis depuis le 9 mai ». Le rapport d'évasion se termine ainsi : « Le 28 août, nous avons contacté un capitaine anglais (Captain Jack) qui nous a conduit à Limoges (qui venait juste d'être libéré par les maquisards de Guingouin), où nous avons rencontré un officier américain, Capitaine Fraser, qui s'occupa de notre retour par air à la maison. Nous sommes arrivés à Tempsford le 9 septembre ».

Ainsi se termina l'épopée de nos 5 aviateurs qui réussirent tous, par différents chemins, à rentrer en Angleterre, début septembre 1944, soit 4 mois après le crash de leur Halifax au Groslaud, près de Chabanais.

Épilogue : Plus tard, la guerre terminée, le sergent Blackett se maria, invitant à la cérémonie deux des membres de l'équipage du MA-W : les sergents Jones et Clark (rentré de captivité).

l'équipage du MA-W : les sergents Jones et Clark (rentré de captivité)
               Au centre : Blackett. À gauche : Clark. À droite : Jones



David et Stuart Blackett devant la stèle du Groslaud

© André Berland - 2019



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