Mémoires de ma grand-mère.
(épilogue par Monique Goudeaux)

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Jusqu’à 87 ans, maman put continuer à vivre seule à Brive, aidée d’une femme de ménage. Mais ses chutes de plus en plus nombreuses, ses fractures multiples l’incitèrent à prendre la décision d’entrer en maison de retraite. Je n’oublierai jamais son départ. Nous allâmes la chercher en voiture. Assise près de Christian qui conduisait, les yeux secs, elle fixait la route et ne se retourna pas quand il démarra. J’admirais son courage encore une fois.
    À Pressignac, je fus chargée de prospecter les environs proches. Après un mois d’attente pendant lequel elle demeura chez nous, elle entra le 1er octobre 1997 à la « Résidence des Charmilles » à Roumazières. J’essayai de personnaliser sa chambre avec quelques objets familiers : deux petites tables, sa télévision, des tableaux, des photos, mais j’avais le coeur gros et je culpabilisais de la laisser seule et sans aucune personne de connaissance. Pourtant elle ne se plaignit jamais, car elle avait choisi cette solution pour ne pas nous gêner. Elle appréciait plus que tout nos visites, en particulier celles de ses petits-enfants. Claire et Blandine, ses arrière-petites-filles furent adorables. Elle leur donnait un gâteau ou un fruit et savourait le plaisir de les voir, comme le prolongement de sa vie.
      Les premières années, nous allions la chercher le dimanche de temps en temps ou nous déjeunions avec elle à la résidence. On se retrouvait tous à chacun de ses anniversaires. Elle s’habillait avec soin, mettait collier et boucles d’oreilles et vérifiait sa tenue pour nous faire honneur. Nous arrosâmes ainsi ses 90 ans au restaurant la « Côte de Boeuf » de Pressignac. Puis sa santé commença à décliner. En 2002, elle fut plusieurs fois hospitalisée. Un jour, je ne reconnus plus ma mère dans cette femme aux yeux vitreux, tassée et attachée dans son fauteuil afin de lui éviter les chutes. Le 18 juillet 2003, après un coup de téléphone à Jean-Louis, je la fis sortir pour la dernière fois. Elle serrait les dents pour avancer, mais nous dûmes abréger la marche. Le lundi, j’appelai le docteur voyant qu’elle était au plus mal. Elle mourut à l’hôpital de Saint-Junien la nuit suivante. C’était le 22 juillet 2003...
       
    J’ai recopié avec fidélité les cahiers laissés par maman. Chacun de ses descendants aura ainsi en lisant ces pages le témoignage d’une femme dont le coeur débordait d’amour.
       
Monique


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