Selon que vous serez puissant ou misérable

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Extrait 3

[…] Les deux policiers se dirigèrent vers l’ascenseur au fond du couloir ; celui-ci en desservait un autre, perpendiculaire au premier, et alors que la porte se refermait, Fabien s’esquiva brusquement :
    — Un truc à vérifier. On se retrouve en bas d’ici cinq minutes.
    Il se glissa derrière une cloison et attendit que la minuterie s’éteignît pour s’approcher à pas feutrés de l’appartement qu’ils venaient de quitter. Il avait repéré un téléphone sur la table du vestibule et subrepticement glissa une oreille contre la porte. Il ne s’était pas trompé. À peine le dos tourné, le prénommé Toussaint s’empressait de passer un coup de fil. Si un bruit de voix lui parvenait bien, Fabien avait des difficultés à saisir le sens de la communication ; nul besoin toutefois d’être un grand détective pour deviner, même sans les rares mots intelligibles, qu’il s’agissait de la visite des policiers. Une mise en garde, à coup sûr, sans doute pour coordonner les réponses dans la perspective d’un interrogatoire à venir…

    — Je ne m’attendais guère à trouver l’ami Toussaint dans une piaule aussi luxueuse. Cette histoire d’héritage, vous y croyez, vous ? Avec un nom pareil, on est en droit de penser que les visites d’appartement se soldent par un relevé de compteur autrement plus lucratif ; vous m’avez compris ! Sous une façade de respectabilité, bien sûr. Nous ferons bien de garder un œil sur lui.
    — Un peu tendre, pour un Corse ; je l’aurais cru plus coriace, dit Perrichon. Peut-être un peu la peur qu’on mette le nez dans son commerce.
    — N’empêche que jusqu’à présent, j’ai l’impression de ne pas avoir de prise sur les événements, de me comporter comme une boule de billard qui rebondit sur les obstacles : chaque fois que je crois tenir une piste, je suis renvoyé vers une autre. Ça devient lassant.
    — Il faut être plus positif. Le terrain a été en partie défriché : mine de rien, en deux jours, nous avons sacrément progressé. Sans trop le vouloir, notre petit souteneur nous a fourni de précieux renseignements : il est à supposer qu’une fois avertie, sa soi-disant amie s’est empressée de contacter la personne en possession du lot de photos, car je doute qu’elle-même ait eu la possibilité de les monnayer.
    — À moins que la personne en question ait été directement informée par ce cher Toussaint. En tout état de cause, il va falloir agir vite pour connaître le destinataire de la communication, et le cas échéant les appels effectués par son amie.
    — Je m’en occupe demain à la première heure. Il se trouve que je suis toujours en relation avec un copain de régiment qui est haut placé aux télécoms. Au besoin, je le contacterai pour faire accélérer les recherches. Si tout va bien, j’aurai les renseignements avant midi.

[…]

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