extrait 4
Un bruit de voix, un vif échange à l’extérieur. On frappait à la porte.
À peine le temps d’entrouvrir : suivi d’un pandore, un jeune homme
forçait le seuil :
— Non, mais tu peux m’expliquer ? Qu’est-ce que c’est que ce déploiement de forces ?
Virginie ne se laissa pas démonter.
— Bonsoir. Je te présente le lieutenant Daumesnil, qui s’apprêtait à partir…
Salutation sommaire. D’une taille très supérieure à
la moyenne, le nouveau venu affichait une décontraction qui confinait à
l’arrogance, ainsi que le soulignait son élégant costume. On devinait
d’emblée la personne financièrement à l’aise et habituée à diriger. Il
regarda dans la pièce, pour s’assurer que rien n’avait changé puis
fronça les sourcils.
— J’aimerais comprendre… Qu’est-il arrivé ? Un vol ?
— Je t’expliquerai.
N’ayant eu connaissance des déboires de Virginie, il
dévisagea l’un et l’autre en une muette interrogation avant de
s’adresser au lieutenant :
— Va-t-on me dire, à la fin ?
Singulier contraste entre les deux hommes :
tout les différenciait, voire les opposait. Yeux bleus, cheveux blonds
et frisés pour le premier à qui sa constitution longiligne conférait un
aspect fluet ; le second, brun, yeux noirs et cheveux courts,
d’une taille plus ordinaire, mais bien découplé, présentait une
morphologie qui dégageait une impression de force. Alors qu’il
s’apprêtait à sortir, il s’arrêta net et toisa l’arrivant d’un œil peu
accommodant. Quelques secondes de silence.
— Il me semble que Mademoiselle vient de vous dire qu’elle allait vous expliquer.
Puis il inclina la tête en direction de Virginie et sortit de la pièce sans autre commentaire.