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Le son, l’image, la T.S.F. — ne venait-on pas d’installer un
émetteur sur le sommet de la tour Eiffel ? — des
inventions, dont le génial Jules Verne n’aurait pu démentir l’indirecte
paternité, voilà sur quoi dérivait leur discussion, l’un affirmant que
la science avait à ce jour pénétré l’essentiel de lois universelles
qu’il ne restait qu’à approfondir et les deux autres par contre-pied
arguant qu’une foule de découvertes restait à effectuer tant les
ramifications en chaque matière ouvraient des voies insoupçonnées.
— Allons, comment peux-tu dire ça ? Tiens,
prenons l’astronomie. Voilà bien un domaine où l’on ne peut affirmer
que l’on ait fait le tour de la question ! Moi qui m’y intéresse
de près, je constate que chaque mois nous offre son content de
nouveautés : des phénomènes insoupçonnables il y a encore quelques
années. La vitesse de la lumière, par exemple ; des notions à
donner le vertige. Que l’on élargisse le champ de ses investigations,
soit. Mais nous n’en avons pas fini de déchiffrer la matière. Et le
paradoxe est tel que certaines découvertes peuvent aller jusqu’à
remettre en question les certitudes actuelles. Et de l’infiniment grand
à l’infiniment petit, sans vouloir parodier Pascal, il n’y a somme
toute qu’une vue de l’esprit.
— C’est vrai, renchérit Guillaume. Récemment,
n’a-t-on pas mis en évidence l’existence de messagers chimiques qui,
transportés par le sang, permettraient d’assurer la régulation de nos
organes ? Quelles en seront les incidences avec la médecine ?
Comment la cellule réagit-elle à ces substances ? Et nous n’en
sommes qu’aux balbutiements.
— En somme, reprit Alain, il suffit de voir le
rythme des progrès. Demain, peut-être, l’homme dépassera-t-il la
vitesse du son… Si ça se trouve, dans cinquante ans, on ira marcher sur
la lune !
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