Le chapeau de grand-mère.


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   Pour ses vertus culinaires,
Grand-mère était encensée.
Mitonnant à sa manière
Les gallinacés,
Son talent, parmi nos proches,
Suscitait l’admiration
Et fondait sans un reproche
Sa réputation.

Choisie dans ses pensionnaires
Une poule bien en chair
Fut parmi ses congénères
Promise aux enfers.
Grand-maman, comme à l’office,
Suivant un rite établi,
Le couteau du sacrifice
Sur son établi,

Disposait son nécessaire
Sur le funeste billot,
La poule attachée par terre
Dans un vieux chapeau,
Et se préparait à faire
Ainsi qu’à l’accoutumée
Un sort rapide et sommaire
À l’infortunée.

Durant ces préliminaires,
La pauvrette avait pondu
Dans le chapeau de grand-mère :
Un œuf bien dodu.
En s’emparant de la bête,
Soudain, d’un geste impromptu,
Grand-mère, à sa découverte,
En fut confondue…

Et saisie de repentance,
Pour n’écouter que son cœur
Elle ajourna la sentence,
De sa noble ardeur ;
Car la poularde, en silence,
Posée dans le vieux chapeau,
Couvait avec insistance
Et les yeux mi-clos…

Touchée, pour tout dire émue
Par cet élan maternel,
Conséquence inattendue :
Devant l’Éternel,
Jamais, plus jamais, grand-mère
Ne cuisina de poulet…
Et c’est nous dans cette affaire
Qui fûmes plumés…

Et c’est nous dans cette affaire
Qui fûmes plumés !


Copyright © Jacques Goudeaux - juin 2016  / Dépôt SACEM


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