Prisonnier de ses habitudes, Fort de ses pâles certitudes, A-t-on le temps de retenir Ce qui est à nous deux passé ? De la violette de l’enfance Aux bleuets de l’adolescence, A-t-on le temps de recueillir Comme un parfum de fleur fanée ?
Dans le sanglot de ce matin, L’été s’épand dans le jardin, Mais sa douceur est monotone Avec un arrière-goût d’automne… Puis on s’en va, puis on s’en vient, Puis on s’endort d’un quotidien Semblable en chaque instant qui passe, Et qui repasse, et qui s’efface…
Le flot nous entraîne et nous berce Si doucement qu’il nous reverse À l’orée des désillusions Sur les berges du nonchaloir Où béatement l’on patauge… Mais si jamais l’on s’interroge, À la première indécision, On s’aperçoit qu’il est trop tard.