L'art du paraître.

Commandes

      Aux temps où l’habit fait le moine,
    Tout est bon pour les moins scrupuleux ;
Ce pouvoir des mégalomanes
    Ouvre la porte aux plus crapuleux
      L’habit de cour fait des ravages
    Parmi les prétendants de tout bord :
À chaque nouvel arrivage,
        Ils sont prêts à jouer les cadors !

Libre et sain, je suis mon seul maître
Et je vais, m’en fichant tant et plus,
Peu porté sur l’art du paraître
Sans souci de ces olibrius…

         Rien n’est trop beau pour qu’on vous flatte :
     Qu’on soit prêtre, officier, magistrat,
Courtier, en costume et cravate,
           Le plus beau linge est dans de beaux draps !
   Le prestige avant toute emphase,
    Complément du trousseau, il est vrai,
Rosette, uniforme, et j’en passe,
Dissocient le bon grain de l’ivraie.

Simple, et sans la moindre casquette,
Sinon quand le soleil est trop lourd…
Et si je n’ai pas la grosse tête,
C’est bien grâce à mes sobres atours !

        Selon mouvance et politique,
     L’apparence institue la fonction ;
On fait le tour de la boutique
En constante représentation.
    La veste est toujours réversible
       En cas de changement de saison :
Tout cela serait bien risible
    Si l’on n’en savait pas la raison !

Tête nue et sans artifices,
Je me fais un plaisir d’exister,
N’y voyez quelconque malice
Pas plus que bravade ou vanité…

        Pour consoler ceux qui subissent
        Le joug de tous ces calamiteux :
        Je conseille au moment propice
    De les imaginer tout miteux,
À poil, en posture imbécile,

            Ventre rond, rabougris, variqueux…
        En train d’admirer leur nombril,
                        Car bien sûr, c’est ce qu’ils font de mieux !

Libre et sain, je suis mon seul maître
Et je vais, m’en fichant tant et plus,
Peu porté sur l’art du paraître
Sans souci de ces olibrius…

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