PRESSIGNAC EN 1756
(suite)






L’église est décrite en premier. Voici comment : « l’église paroissiale, chapelle, sacristie, cloître, clocher, cimetière, place publique ». Le plus étonnant est la révélation de la présence d’un cloître, dont l’existence était totalement ignorée jusqu’à présent. Où se trouvait-il ? Quelles étaient sa forme et sa superficie ? Nous ne le saurons sans doute jamais, à moins que des fouilles viennent un jour en exhumer les fondations. En revanche, nous pouvons dire que sa présence s’expliquait par le fait que l’église Saint-Martin de Pressignac était le siège d’un prieuré dépendant de l’abbaye de Lesterps. C’est l’abbé de Lesterps qui nommait le prieur-curé qui était ensuite institué par l’évêque de Limoges. Le prieur était le chef d’une petite communauté religieuse rurale. C’était un chanoine régulier de l’ordre des Génovéfains. Avec son vicaire, ils formaient donc une minuscule communauté qui pouvait utiliser le cloître comme lieu de méditation et de prière. En 1756, le prieur était Léonard Daniel- de- la- Mazière, et son vicaire un certain Conte.
Quant à la chapelle signalée par l’arpenteur, il doit s’agir de la chapelle gothique du XVe siècle qui, à l’époque, devait être séparée de la nef, les deux grandes ouvertures actuelles ayant été percées au XIXe siècle.
Enfin, la place publique, plus petite que celle d’aujourd’hui, était située entre l’église et le presbytère (actuel HLM), alors que le cimetière qui avait dû être dans un premier temps autour de l’église, se situait à l’emplacement de notre place publique rénovée. Il sera transféré à son emplacement actuel, c’est-à-dire dans l’ancien cimetière protestant, (car il y avait eu une forte minorité protestante à Pressignac au XVIe siècle), à partir de 1778, à la suite d’un édit royal interdisant les sépultures au milieu des bourgs, pour des raisons de salubrité. C’est cet ancien « cimetière des Huguenots », aujourd’hui la partie la plus ancienne de notre cimetière, qui est signalé par l’arpenteur comme « un vieux cimetière dépendant de la cure près du chemin de Pressignac à Rochechouart ».
En outre, le prieur possédait « une terre à blé d’Espagne » (maïs) près du bourg, et deux pièces de terre au Bonéthève. Il prélevait aussi la moitié des dîmes de la paroisse, conjointement avec le seigneur de la Chauffie. Enfin il résidait dans ce beau logis du XVe siècle, donné autrefois aux curés par les demoiselles Garnier de Brieulles, aujourd’hui transformé en HLM, et dont seul subsiste le beau portail gothique, près de la poste actuelle. Ce logis-presbytère est décrit ainsi par l’arpenteur :  « Une maison composée de ses chambres, grenier, grange, écurie, cour et jardin, occupée par M. le curé ».
Puis Jean Massoulard se lance dans la description des maisons du bourg. Il en dénombre 38, plus des granges et des bergeries. La plupart sont de très modestes maisons sans étages, avec « chambre, grenier, courtillage (cour) et jardin ». Certaines sont mêmes des masures ou  « mauvaises maisons en ruines ». Trois d’entre elles ont un four. Il y a des boutiques : la boutique de maréchal de Louis Forestier, celle des frères Arnaud et Léonard Bigaud, sargetiers (fabricants de serge ou tissu de laine). Arnaud Bigaud sera maire de Pressignac de 1790 à 1791. Simon Dupré est lui aussi sargetier. Les autres artisans sont Raymond Bauduc, tailleur d’habits, Jean Chabernaud et François Vigier tisserands, Léonard Raynaud charpentier. Jean Raynaud, le syndic, est marchand de vin en gros. Il possède un cellier pour entreposer ses barriques. Quant à Mathieu Bigaud, il est notaire à Pressignac.
Quelques « laboureurs »(petits et moyens propriétaires) sont signalés dans le bourg : François Mortier, Martial Bourgoin, Raymond Forgeat, Pierre Faure. Les autres exploitants agricoles sont fermiers, métayers, bordiers (petits métayers) ou journaliers.





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