PRESSIGNAC EN 1756
(suite)






De nombreux animaux sont dénombrés dans le bourg, mais il n’y a pas de gros troupeaux : 379 brebis (le plus gros troupeau étant de 36), 15 cochons, 4 truies, 9 « bêtes asines »(ânes),une jument (celle du notaire),un cheval (celui du marchand de vin), mais pas de vaches ni de bœufs.
Le bourg est entouré de diverses pièces de terre : des couderts (parcs à cochons), des jardins, des villards (petits champs près des maisons), des prés, des clauds (petits prés enclos), des vignes, des châtaigniers, mais aussi des bouiges ou bouèges (landes, friches).

Au total, il est bien difficile de se faire une idée du bourg au milieu du XVIIIe siècle. La quasi totalité des maisons de l’époque ont disparu ou ont été transformées, agrandies, surélevées d’un étage. Même celles qui nous paraissent très anciennes ont été construites après 1756. Ainsi, la maison Barrier-Sainte-Marthe, aujourd’hui propriété de Mme Thibaud, près de la fontaine et du lavoir, date de 1762 et son pigeonnier de 1769. La maison actuelle de Mme Desnoyers est de 1765, comme l’indique son « chronogramme » (date gravée sur le mur ou sur le linteau de la porte). La plupart des autres maisons et granges actuelles du bourg sont du XIXe siècle, dont la grange de M. et Mme Riquier qui date de 1815 et présente une belle marque de maçon : « Nero 1815 », avec une paire de vaches sculptées sur une pierre d’angle.
Enfin quelques pierres tombales de l’ancien cimetière de la place ont été réutilisées : l’une à la grange de Gaston Viroulaud, une autre comme linteau de la porte d’une maison de Bord, la troisième sert de passerelle sur le ruisseau de Mandat.

Le lieu « Chez le Mineur » comprend une maison appartenant à M. de la Chauffie, occupée par son métayer, Raymond Beslier. On y trouve deux bœufs, une jument, une truie et sa suite, et 56 brebis. Tout près, il y a des noyers, une pièce de chanvre et une chènevière qui montrent l’importance de la culture du chanvre à l’époque, pour la fabrication des draps, des sacs et des cordes.
Au village d’Ouyras (Vouéras), dans la partie située en Angoumois, trois maisons, dont une appartenant aussi à M. de la Chauffie, exploitée par François Renou, son métayer. Deux bœufs, quatre vaches, une jument, un cochon et 64 brebis sont dénombrés . A côté, le village a son communal de landes, et, en bas,  « une pièce d’étang appelée de la Chauffie » (c’est l’étang actuel), à M. de la Chauffie, mesurant 15 journaux et 100 carreaux. Sous la chaussée de l’étang, là où est aujourd’hui la pêcherie, « un petit moulin à une meule de seigle », à M. de la Chauffie, exploité par Jean Grenet, son meunier et fermier.
Le « lieu noble de la Chauffie » comprend le château, décrit comme « une maison à la mansarde composée de cinq tours, ses chambres, grenier, décharge, deux granges, écurie, cour et jardin ». Le château n’est pas occupé par son propriétaire, François de Perry, qui, en 1756, réside au château de Saint-Auvent. (les Perry, originaires d’Irlande, avaient succédé aux Tizon, premiers seigneurs de la Chauffie, en 1470. Depuis 1709, ils résidaient à Saint-Auvent.) C’est un fermier, le sieur Besse, qui s’occupe de la propriété, ainsi qu’un métayer, Guillaume Pénichon . Ils entretiennent, entre autres, « un jardin où il y a des arbres pommiers, poiriers, noyers et autres arbres fruitiers ». Le cheptel se compose de 6 bœufs, 6 vaches, une jument,120 brebis, une truie et quatre cochons. Au total, les Perry sont les plus gros propriétaires fonciers de la paroisse, leur domaine s’étendant sur 350 hectares, d’un seul tenant.
Ils possèdent aussi « la maison du moulin de la Chauffie ». Le moulin lui-même est sur la paroisse de Chassenon, avec ses deux meules à seigle et son pressoir à huile. Le meunier est le même que celui du moulin de l’étang : Jean Grenet, qui, en sa qualité de fermier du seigneur de la Chauffie, lui doit chaque année 40 setiers de seigle mesure de Chabanais, 100 livres d’argent, 8 chapons, 8 poulets et 100 œufs !





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