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Extrait 2
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Le sentier se poursuit maintenant sous une ramure continue de charmes,
de chênes et parfois de châtaigniers qui peu à peu apparaissent avec
l’altitude. Sur la carte est répertoriée une grotte, apparemment à
proximité de l’endroit où nous nous trouvons. Considérant que cette
curiosité naturelle vaut bien le détour, nous partons à travers un
taillis à sa recherche, suivant avec peine quelque vague tracé
susceptible de nous y mener. Si les passages sont nombreux, il semble
délicat de trouver le bon. Ayant pris les devants, j’entends derrière
une voix me crier : « Hé ! plus à gauche, encore plus à
gauche ! » En désespoir de cause, je laisse passer l’ancien,
mais ce n’est pas, en mon for intérieur, sans une certaine satisfaction
que je le vois hésiter : « Coquin de Diou,
où c’est qu’elle a bien pu passer ? » J’ai beau compatir, lui
suggérer que la saison étant à peine commencée, il est fort possible
que la grotte n’ait pas encore été remise en place pour les touristes,
rien n’y fait !
Cependant, c’eût été sans compter sur le flair du
vieux briscard. On cherche souvent bien loin ce qui est à notre
portée : effectivement, à une vingtaine de mètres à peine à notre
gauche nous en découvrons enfin la modeste entrée, en partie dissimulée
par le feuillage. Une bêche hors d’usage, quelques morceaux
d’ossements, de mâchoires ou de dents attestent du passage de fouineurs
plus ou moins autorisés ; comme quoi il doit bien y avoir là
quelque intérêt pour des géologues ou des archéologues en herbe. Ayant
posé nos sacs, nous pénétrons par la brèche : près de l’ouverture,
des traces d’anciens feux sur les parois. Le sol argileux devient
glissant comme une savonnette et le rayon de ma torche parcourt un
plafond inégal et curieusement constitué d’un agrégat de cailloux de
forme arrondie soudés les uns aux autres ; sinon sous les pieds,
je suis surpris du peu d’humidité qui règne en cet endroit. La cavité,
irrégulière, s’élargit par places puis, après un coude, le passage a
l’air de se refermer. Non, ce n’est qu’une illusion ; mais comme
je n’ai toutefois aucune envie de ramper dans la boue, à demi courbé,
je reviens sur mes pas, évitant soigneusement les amas de glaise,
probable résultat de fouilles hasardeuses. Curieuse grotte, sans
stalactites, qu’on dirait creusée de la main de l’homme… A-t-elle
fréquemment servi d’abri depuis les temps préhistoriques à des
générations de bergers ou de chevriers ? Combien se sont enfuis,
cachés ou simplement mis à couvert dans cet antre ? Aujourd’hui,
et bien qu’elle soit officiellement répertoriée sous le nom de
« Grotte des Maquisards », il apparaît que son intérêt
stratégique ainsi que son rôle dans la contrée restèrent limités…
Singulier contraste, une bouffée de chaleur nous
envahit dès la sortie : les roches claires, sur lesquelles le
soleil, maintenant au zénith, a largement dispensé ses rayons, nous
irradient d’une lourdeur sournoise nous incitant plus au farniente qu’à
l’ascension. […]
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