Avec le temps s’effilochent
Notre éclat, nos ambitions…
Si l’on a raté le coche,
Nos piètres incantations
N’y feront que peu de chose :
Ce parfum de fleur séchée
Qui persiste de la rose
Nous affranchit du passé.
Rejetant toute critique,
Le progrès a le beau rôle ;
Ça pourrait devenir drôle
Si ça n’était pathétique !
Fort de sa lourde expérience,
Pour le moindre fait-divers,
Avec courage et constance
Chacun remet le couvert :
Dans ce microcosme éthique
Où chacun lave plus blanc,
C’est fardé de cosmétiques
Qu’on se perd en faux semblants !
Rejetant toute critique,
Le progrès a le beau rôle ;
Ça pourrait devenir drôle
Si ça n’était pathétique !
Quand on a sans anicroche
Traversé le flot des ans,
Parmi tous les sons de cloche,
L’opinion du mieux-disant
Reste hélas ! un point d’ancrage,
Un fragment de conviction,
Un peu comme un replâtrage,
Un lot de consolation.
Rejetant toute critique,
Le progrès a le beau rôle ;
Ça pourrait devenir drôle
Si ça n’était pathétique !
Chaque jour, on le constate,
On nous dit comment penser ;
C’est bien beau, mais quand ça rate :
On n’est pas plus avancés…
Car l’Histoire est ainsi faite
Que jamais ni sans façons,
En dépit des grands prophètes,
On n’en tire les leçons !
Rejetant toute critique,
Le progrès a le beau rôle ;
Ça pourrait devenir drôle
Si ça n’était pathétique !