Je porte sur le front toutes les rides du
Monde et je t’aime encor : Pour les odeurs froissées
Dans les plis de nos ciels ; pour les frissons perdus
Que l’ancolie coupée
Jette en bleus papillons sur ton col frémissant ;
Pour la peine de l’eau où ta barque est enfouie
Et que la vase prend comme on berce une enfant ;
Pour la mélancolie
Des écluses où les feuilles s’attardent ; pour
Le fruit que j’écrasai sur tes lèvres de pêche,
La tanche en robe riche offerte à notre amour,
Les blessures qui sèchent
Au vent mouillé de l’Ouest ; pour le livre entr’ouvert
Où nous habitions dans le silence d’Automne
Et pour les oiseaux lents qui venaient de la mer
En d’étranges colonnes.
Je porte sur ton front la couronne du temps,
Le lys a moins d’éclat, la rose moins d’épines,
Mais tu pourras toujours, si ton cœur a seize ans,
Jouer...