Complainte pour un pauvre bougre.

Commandes

(réenregistrement : mars 2020)

ancienne version (volume B)

C’était un pauvre bougre,
Mais pas malfaisant pour deux sous.
S’il s’attira les foudres
Des bien-pensants, des grippe-sous,
C’est qu’au creux d’une étrange affaire,
On le trouva tant à propos,
Lui, sans appuis, sans savoir-faire,
Qu’on lui fit porter le chapeau…
                  
Comme il était d’un autre
Pays, n’était pas de chez nous,
Pas un seul de nous autres
Ne voulut causer de remous :
Aussi, lorsque entre deux pandores
Il fut, menottes aux poignets,
Mené dans la méchante aurore
Pas un seul ne s’est indigné…
       
C’est après bien des lunes
Que ne sachant pas où aller,
Sans haine et sans rancune,
Chez nous, il revint s’installer ;
Bien que la proie de médisances,
Bien que condamné et maudit,
Il s’accrocha dans l’espérance
Aux murs galeux de son taudis.
            
Pour autant que l’on sache,
Quand d’aventure on l’employait,
On lui laissait les tâches
Ingrates les plus mal payées ;
Aussi, sous le ciel implacable,
Fut-il, sans le moindre denier,
Bientôt méprisé, misérable,
Comme un gueux réduit à mendier…
         
Était-ce un signe ? Était-ce
La main du Bon Dieu, le destin ?
Au sortir de la messe,
Le tonnerre éclata soudain :
Portant le fardeau de ses peines,
Il s’en alla le dos courbé ;
Pour lui, ce dut être une aubaine
Pour lui, de retrouver la paix…
  

Ci-gît un pauvre bougre,
Sans l’ombre même d’une croix…
Que Dieu nous veuille absoudre
D’en avoir fait un hors-la-loi !
Pourtant, quand le hasard emporte
Nos pas près du mur délabré,
Chacun, se signant, en lui porte        
Le deuil caché de nos regrets…

Pourtant, quand le hasard emporte
Nos pas près du mur délabré,
Chacun, se signant, en lui porte        
Le deuil caché de nos regrets…



Copyright © Jacques Goudeaux - mars 1988 / Dépôt SACEM : 1993



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