Tes lèvres…



Tes lèvres sont cousues de peines anciennes
Que le vent d’ouest a laissées
Lors de son dernier passage ;
Les brumes de tes yeux
Froissent des paysages choisis,
Je ferme la fenêtre à l’automne rouillé.

Un soir, lorsque tu dormiras,
J’emprisonnerai le vent dans le grenier,
Qu’il tire sur la longe en donnant de la voix,
Qu’il secoue les carreaux,
Qu’il casse les miroirs déjà fêlés,
Nous ne l’entendrons pas !
Le chien aura peut-être quelques
Frémissements et je tiendrai sa
Tête sous mon épaule.

Il pleut maintenant, pauvre Amour des fontaines,
Le temps qui se pétale
Les a séchées depuis bien des jours
Et, les gouttes sur les ornières du chemin
Nous séparent sciemment
Dans leur destin parallèle.

Pourtant, l’angle de ton bras
Sous la nuque reste le même
Pourtant je reconnais la ceinture dénouée
L’abandon de ton corps dans son arrière-saison
Quand les roses les plus belles
Se penchent vers toi comme hier.

J’emporte à pas secrets la vérité stupide
Sous les arbres que tu aimais,
Plus loin encore, vers des pays abhorrés ;
Le vent pourra bien corner,
Je ne me retournerai pas
Et la nuit effeuillée gardera peut-être
L’empreinte de notre déchirure.


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