LE CHÂTEAU DE LA CHAUFFIE

À PRESSIGNAC


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Introduction

Du vieux château « féodal » de la Chauffie, comme l'indiquaient les cartes postales du début du XXe siècle, il ne reste plus que les ruines de la tour carrée d'entrée et du corps de logis. C'est comme le « Château de la Belle au bois dormant », envahi à l'extérieur par la végétation et à l'intérieur par les toiles d'araignées tissées entre les quelques meubles et objets restants.
Ce fut pourtant un beau château, à son apogée, au XVIIe siècle, habité par de nobles familles qui marquèrent l'histoire de cette région comprise entre Chabanais et Rochechouart.

Les Tison

La famille Tison (ou Tizon) est une des plus anciennes familles de l'Angoumois. « Paute, Chambes et Tison en Angoumois bonnes maisons » disait l'adage que des facétieux avaient transformé en « pot de chambre et tison... ». Les Tison sont originaires de la région de La Rochefoucauld où on les trouve dès l'An Mil. Plusieurs de leurs membres furent sénéchaux ou prévôts des évêques d'Angoulême. L'un d'eux fut même évêque. La branche la plus connue est celle des Tison d'Argence, du nom d'un fief de la paroisse de Champniers.
Nous ne savons pas à quelle date un Tison s'installa à la Chauffie. Est-ce dès le XIIe siècle, puisque le fief noble de la Chauffie, mouvant de la seigneurie de Chabanais et du comté d'Angoulême, est attesté à cette époque ?
Toujours est-il qu'en 1470, un certain Aymeri Tison, sieur de la Chauffie, marie sa fille Jeanne.           

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La maison forte

En vert foncé, les traces de voies antiques

© Photo aérienne J.R Perrin
  





À cette date, au XVe siècle, la Chauffie n'est qu'une « maison forte ». C'est-à-dire une grosse bâtisse, avec une ou deux tours et des murs épais, censée surveiller les alentours et protéger le territoire des « princes de Chabanais ».
La petite principauté de Chabanais était d'ailleurs entourée de plusieurs autres maisons fortes sur ses frontières : la Brosse de Chassenon (toute proche de la Chauffie), Rochebrune d'Étagnac, Pressac de Saint-Quentin, la Chétardie d'Exideuil, l'Age-Bertrand de Chirac. Elles devaient la protéger ou la prévenir en cas d'attaques de seigneurs voisins ou de bandes armées.
Or, la Chauffie, bien que située en contrebas du bourg de Pressignac, est sur un replat qui domine la vallée de la Grêne, avec la possibilité de surveiller les passages à gué (gués de Veilléraud, de Champonger, de Fougeras) de cette rivière peu profonde où pouvaient passer des personnes venant de Chassenon ou de Rochechouart dont les puissants vicomtes furent souvent turbulents !


Il semble même (d'après les photographies aériennes de J.R Perrin) que dans l'Antiquité, une voie venant de « Cassinomagus », se détachait de la Via Agrippa toute proche, de l'autre côté de la Grêne, passait près du site de la Chauffie, et remontait vers Pressignac. Un très ancien chemin creux, sans doute médiéval, existe toujours entre la Chauffie et la rivière.

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Le mariage de Jeanne Tison et de Pierre Perry

Le 5 juin 1470, Jeanne Tison, dame de la Chauffie, fille de Aymeri Tison, sieur de la Chauffie, épousait Pierre Perry, écuyer, sieur du Mas Marteau, devant Guy Vidault, prêtre, notaire juré du château et châtellenie de Chabanais, Confolens, Loubert et Châteaumorand. Elle était dotée, par son père et son frère, Jean Tison, « de la somme de 300 écus neufs du poids de Florence, ainsi que d'un moulin, nommé de la Combe, avec ses droits et appartenances, situé au bord de la Vienne, entre le ruisseau qui descend de la Font de la Combe d'une part et le ruisseau qui descend de la Font de Prissac d'autre part ». Le contrat fut passé en présence de frère Pierre de Cambon, prieur du prieuré de Pressignac, et d'Héliot Singaraud.
Le marié, Pierre Perry, était le fils de Guillaume Perry, écuyer, et de dame Ysabeau Eimbasmade, d'une vieille famille de barons irlandais. Guillaume Perry était venu en France sous le règne de Charles VII (1422-1461).
Incorporé dans la garde écossaise (qui comprenait quelques Irlandais), il combattit les Anglais aux côtés du roi de France, pendant la Guerre de Cent Ans.


Le château du Mas Marteau



Charles VII récompensa ses fidèles serviteurs en leur donnant des terres, notamment en Berry où ils se fixèrent. A Guillaume Perry il donna le domaine du Mas Marteau, près de Confolens, car l'Angoumois, comme le Berry, faisait partie du domaine royal. (Situé à 3 km au nord de Confolens, le château du Mas Marteau a été remarquablement restauré par la famille Périgord de Villechenon).
Les Tison portaient pour blason « d'or à deux lions léopardés de gueules, l'un sur l'autre ». Les Perry, à la suite de ce mariage, eurent un blason « d'argent, à la bande de sable accompagnée de deux lions léopardés de gueules, l'un en chef, l'autre en pointe ». La ressemblance est frappante.
Les Perry, en signe d'alliance, adoptèrent donc, en le modifiant légèrement, le blason des Tison, qui était aussi semblable au blason de leurs suzerains, les princes de Chabanais.

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                                               Blason des Perry

Blason des Tison






C'est ce blason des Perry que l'on trouvait au-dessus des portes d'entrée de la tour carrée et du logis de la Chauffie, mais il a été martelé à la Révolution. On le trouve encore aujourd'hui sur un des deux contreforts du clocher de l'église de Pressignac et vraisemblablement (car très abîmé) au-dessus de la porte d'entrée de la chapelle gothique de ce bel édifice de l'art roman limousin. À l'intérieur de cette même chapelle, il est à la clé de voûte et sur deux petits chapiteaux. Or, les contreforts et la chapelle de style gothique flamboyant sont du dernier quart du XVe siècle. C'est donc, sans aucun doute, le nouveau seigneur de la Chauffie (dont c'est vraisemblablement le buste qui est sculpté sur le cul-de-lampe d'une croisée d'ogives), qui a fait construire à ses frais, juste après le mariage de 1470, cette chapelle, pour bien montrer sa richesse, mais aussi pour honorer les sépultures des  ancêtres Tison. Pierre et Jeanne ainsi que leurs descendants s'y feront d'ailleurs enterrer. En effet, Jeanne Tison, dans son testament de 1496, « fixa le lieu de sa sépulture dans l'église de Pressignac et tombeaux de ses prédécesseurs ». Des traces de litre funéraire (bandeau noir peint sur les murs de la chapelle au moment du décès du seigneur) se voient encore derrière le retable de la Donation du Rosaire.

Buste présumé de Pierre Perry                                                  Blason des Perry
  



Chapelle gothique de l'église Saint-Martin de Pressignac

Il est fort probable aussi, que ce soit Pierre Perry qui ait fait aménager le clocher et le dessus de la nef de l'église Saint- Martin de Pressignac, afin d'en faire un refuge fortifié pour la population de la paroisse, en ces temps troublés qui suivirent la Guerre de Cent-Ans, puis pendant les Guerres de Religion.
Pierre et Jeanne eurent trois enfants, François, Marguerite et Jean.
Pierre décéda en 1496. Son épouse lui survécut quelques années et légua tous ses biens, dont le Mas Marteau et la Chauffie, à son fils aîné, François Perry.

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François Perry, entre Rochechouart et Chabanais

Il est connu comme « écuyer, sieur de la Chauffie, de Mas Marteau et de Mazières ». Le 27 septembre 1526, il « reconnaît tenir en fief de noble et puissant seigneur Louis, vicomte de Rochechouart, seigneur de Tonnay-Charente et de Mauzé, sous un hommage-lige et serment de fidélité de 50 sols tournois, pour un hébergement situé près du château de Rochechouart, avec le verger et le colombier et autres appartenances ».
Il fit un autre hommage, le 21 mai 1539, à Jean de Vendôme, vidame de Chartres, prince de Chabanais.
Ainsi François Perry se plaçait sous la protection des deux grands seigneurs les plus proches de la Chauffie : ceux de Rochechouart et de Chabanais. Cette double dépendance de la Chauffie, mais aussi de la paroisse de Pressignac, plus tard coupée en deux par la frontière séparant le Poitou de l'Angoumois, se perpétuera jusqu'au XIXe siècle et créera bien des problèmes et des protestations. ( cf mon article in BAVC n° 88, décembre 2004)
François Perry avait épousé Charlotte Chauvet, fille de Jean, seigneur de Frédaigues.
Le 21 mars 1551, il fit son testament et fixa le lieu de sa sépulture au-devant de l'église paroissiale de Pressignac. Il avait eu six enfants. C'est son fils aîné, Claude, qui hérita de tous ses biens, mais aussi de ses dettes, puisqu'en 1563, il dut produire une quittance de 2000 livres pour payer les dettes de son père François Perry.

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Claude et Louis Perry, protestants

Claude Perry est dit « écuyer, sieur de la Chauffie et de Mas Marteau, demeurant en la paroisse de Pressignac ». Il épousa en 1551 Florence de Saint-Georges, fille de Jean, sieur du Fraisse.
C'est le 15 mai 1588 que Claude reçut des lettres de sauvegarde de Henri de Navarre (le futur roi Henri IV) par lesquelles il était exempté de tout logement des gens de guerre, et qui le mettaient, lui et sa famille, sous sa protection. Cette bienveillance exceptionnelle de celui qui était alors le chef du parti protestant en France, prouve que les Perry étaient passés à la Religion Réformée.
Ce qui n'était pas étonnant, car la Réforme s'était infiltrée depuis longtemps dans la région, venant d'Angoulême où, en 1535, Calvin avait fait un séjour prolongé chez son ami Dutillet.
L'église protestante de Rochechouart devint très vite importante. Dès 1559 elle avait un pasteur résidant. Les paroisses les plus ardentes pour la nouvelle foi étaient Massignac, Chassenon, Pressignac (qui avait son « cimetière des Huguenots »), Vayres, Oradour-sur-Vayres, Saint-Auvent, le Lindois.
Le vicomte de Rochechouart, Louis de Rochechouart-Pontville, grand ami de Henri IV, demeura catholique, mais se montra très tolérant à l'égard des protestants qui ne furent plus persécutés après l'édit de Nantes (1598).
Claude Perry fit son testament le 22 octobre 1586. Il ordonnait que « son corps soit inhumé en l'église paroissiale de Pressignac, dans les tombeaux de ses prédécesseurs ». Il léguait la charge de ses enfants ainsi que l'administration de ses biens à son épouse, Florence de Saint-Georges.
Son fils aîné, Louis Perry, écuyer, sieur de la Chauffie, paroisse de Pressignac, fut constitué son légataire universel en 1586. Le 10 mars 1596, par contrat de mariage passé au château de Mayac, en Périgord, Louis épousa Marguerite d'Abzac, fille de défunt François, sieur de Mayac, de la Rivière et de Limeyrac, d'une vieille famille de riches protestants notoires. L'épouse fut assistée de sa mère, Bonne d'Heu, qui lui constitua « une dot de 4000 écus sols valant 12000 livres, outre ses bagues, joyaux, habits et ornements nuptiaux ».
Le 15 mai 1627, Louis « rendit foi et hommage, baiser et serment de féauté, qu'il devait pour cause de sa maison noble, fief et seigneurie de la Chauffie, appartenances et dépendances, à Adrien de Montluc, prince de Chabanais, comte de Carmain, baron de Montesquiou, dans la grande salle du château de la ville, sénéchaussée et principauté de Chabanais ». (Adrien de Montluc était le petit-fils du maréchal Blaise de Montluc. Le château de Chabanais a été démoli en 1892)
Louis et Marguerite eurent 12 enfants, entre 1597 et 1620. Ils furent baptisés au prêche protestant de Rochechouart. Parmi eux, Jean, qualifié d'écuyer, seigneur de Pressignac et de Limeyrac, et Raymond.

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Raymond Perry. Le retour au catholicisme

Il fut baptisé dans la religion protestante le 1er juin 1614, au prêche de Rochechouart, et épousa, le 5 février 1641, Souveraine de Lageard, fille de Philippe, chevalier, sieur de Charnard, Saint-Martial de Viveyrol et Beauregard, conseiller du roi et son sénéchal en Angoumois.
C'est très probablement lors de son mariage dans une riche famille catholique proche du roi Louis XIII, et alors qu'une certaine persécution s'abattait sur les protestants de la région de Rochechouart, menée par le vicomte Jean et ses successeurs, que Raymond Perry revint à la religion catholique de ses ancêtres.
La Contre-Réforme, issue du Concile de Trente, s'organisait sous la direction des Jésuites et des évêques, dont celui de Limoges. Il était recommandé , entre autres, d'orner et décorer les églises, pour y attirer ceux qui venaient d'abjurer, de gré ou de force, le protestantisme  et les détourner des temples très austères, sans décorations.
C'est ainsi que l'église de Pressignac fut dotée, en 1676, des deux magnifiques retables baroques de saint Martin et de la Donation du Rosaire, qui s'y trouvent toujours et sont classés « monuments historiques ». (cf mon article in BAVC n° 127, juin 2015)
L'édifice avait par ailleurs besoin d'importants travaux, car en août 1630, lors de sa visite pastorale, Mgr de la Fayette, évêque de Limoges, avait constaté, entre autres, qu'il n'y avait pas de balustres devant les autels, que les fenêtres n'étaient pas vitrées et que le pavé n'était pas entièrement fait.

Qui pouvait alors financer de tels travaux de réfection et de telles œuvres d'art ? Certainement pas le prieur Veynet, ni les paroissiens, mais bien le seigneur de la Chauffie, en l'occurrence Raymond Perry, qui montrait ainsi sa magnificence et espérait faire pardonner les incartades passées de lui-même et de sa famille dans la Religion Réformée. Il s'est probablement fait représenter sur une des toiles du retable de saint Martin, parmi les pèlerins en prière devant le tombeau du saint.






Portrait présumé de Raymond Perry

Église de Pressignac
Retable de saint Martin





Raymond et Souveraine eurent 5 enfants, dont Isaac, au prénom protestant porté dans la famille d'Abzac.

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Isaac Perry, comte de Saint-Auvent

Isaac Perry est né le 6 avril 1655. Il est intitulé : « Chevalier, sieur marquis de la Chauffie, Pressignac, Rossignol et Chassaignac ».
Il fit un très beau mariage, le 29 juin 1681, en épousant Anne de Rochechouart, fille de haut et puissant Messire Jean de Rochechouart, chevalier, comte de Saint-Auvent, marquis de Montmoreau, Marval et autres places.
Isaac était un militaire qui servit dans l'escadron commandé par M. de Loches (1697-1702) puis dans celui des gentilshommes d'Angoumois (1703).
Isaac et Anne, au début, habitèrent à la Chauffie. Ils eurent 11 enfants dont 6 moururent en bas âge. La plupart d'entre eux naquirent à la Chauffie, sauf deux qui naquirent , en 1685 et 1688, dans un petit logis, à Chez Boige, paroisse de Lézignac-Durand, car le château de la Chauffie était à l'époque en pleine restauration et agrandissement.
Mais, en 1695, Anne hérita des biens de son père qui venait de décéder, puis des biens de son frère aîné Jean, décédé sans enfants en 1709.
A cette date donc, Isaac Perry, grâce à son épouse, devint comte de Saint-Auvent et baron de Montmoreau. Avec Anne, ils s'installèrent désormais définitivement au château de Saint-Auvent, délaissant le vieux château de la Chauffie qu'ils venaient pourtant juste de faire rénover. Ce dernier ne fut plus pour eux qu'une résidence secondaire, habitée par des familles de fermiers ou de métayers.
Isaac mourut en 1735, cinq ans après Anne. Ce furent les derniers Perry à être enterrés dans l'église de Pressignac.

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Le déclin de la Chauffie au XVIIIe siècle

Alors que la maison forte était devenue un agréable petit château, elle fut donc abandonnée par ses propriétaires et connut un lent déclin tout au long du XVIIIè siècle, faute d'entretien. Cependant, les terres du domaine semblent avoir été bien  exploitées par les fermiers et métayers.
Le livre d'arpentage ou arpentement de Pressignac, établi en 1756, nous le confirme.
Le lieu noble de la Chauffie comprend le château, décrit comme « une maison à la mansarde composée de cinq tours, ses chambres, grenier, décharge, deux granges, écurie, cour et jardin ».C'est un fermier, le sieur François Besse, qui s'occupe de la propriété, ainsi qu'un métayer, Guillaume Pénichon. Ils entretiennent , entre autres, « un jardin où il y a des arbres pommiers, poiriers, noyers et autres arbres fruitiers ». Le cheptel se compose de 6 bœufs, 6 vaches, une jument, 120 brebis, une truie et quatre cochons.
Non loin du château, « une pièce d'étang appelée de la Chauffie, à M. de la Chauffie, mesurant 15 journaux et 100 carreaux ». C'est l'actuel étang communal de la Chauffie, réputé pour ses carpes! Sous la chaussée de l'étang, « un petit moulin à une meule de seigle, à M . de la Chauffie », exploité par Jean Grenet, son meunier et fermier.
Sur la Grêne, en contrebas du château, « la maison du moulin de la Chauffie ». Le moulin lui-même est sur la paroisse de Chassenon, avec ses deux meules à seigle et son pressoir à huile. Le meunier est le même que celui du moulin de l'étang : Jean Grenet (successeur de Pierre Ladrat), qui en sa qualité de fermier du seigneur de la Chauffie, lui doit chaque année 40 setiers de seigle mesure de Chabanais, 100 livres d'argent, 8 chapons, 8 poulets et 100 œufs. Ajoutons que le seigneur perçoit aussi la moitié de la dîme, conjointement avec le prieur de Pressignac.
Monsieur de la Chauffie possède encore au lieu dit « Chez le Mineur » une maison occupée par son métayer, Raymond Beslier. On y trouve deux bœufs, une jument, une truie et sa suite, 56 brebis. Autre métairie au village de Vouéras, où le métayer, François Renou, a deux bœufs, quatre vaches, une jument, un cochon et 64 brebis. Une autre encore à la Grange du Bost (aujourd'hui le Grand Bois). Le métayer, Jean de Brethenoux, a deux bœufs, quatre vaches, une jument, 50 brebis, une truie et deux cochons.
Au total, un domaine d'environ 350 hectares, d'un seul tenant, avec sa garenne de bois de haute futaie, entourée en partie de murs, où proliféraient les lapins.
En 1756, le seigneur de la Chauffie est François Perry (1694-1759), fils d'Isaac. Il est comte de Saint-Auvent, baron de Montmoreau, sieur de la Chauffie, Marval, Milhaguet, Saint-Martin de Jussac, du quartier Saint-Pierre de la ville de Saint-Junien, de Saint-Cyr en partie et autres lieux. Il avait épousé en 1723 Marie Anne Gabrielle Frottier de la Coste.
C'est cette dernière, devenue veuve, qui, en 1767, fait réaliser un état des lieux du château de la Chauffie, avant d'affermer le domaine à deux régisseurs : Jean-Jacques Marensanne, négociant à Limoges et Barthélémy Lamy, négociant à Saint-Junien ( le sieur François Besse, de Pressignac, continuant à en être le fermier).
C'est un édifice en très mauvais état qui est alors décrit : les portes , fenêtres (croisées) ,volets, planchers, sont presque totalement pourris. Le pavé de la grande salle est en carrelage et briques , mais a besoin d'être réparé.
Il y a une grande cour (avec un puits) et une petite cour. Autour de celles-ci, un petit réduit propre à mettre les chiens, une chambre où on met la volaille, un cellier, un colombier, un « fourniou » (fournil) avec trois maies pour pétrir le pain, une grande écurie où l'on trouve cinq piliers, des auges et des crèches ainsi qu'un coffre pour mettre l'avoine.
Le grand grenier se trouve au-dessus d'une chambre appelée « la prison ». On  trouve dans ce grenier un moulin à passer le blé, un boisseau ferré, une coupe et deux rasoirs (pour tondre les moutons).
Dans le corps de logis, sont énumérés : la cuisine, (avec sa grande table, deux bancs, un contre-feu, deux crémaillères et deux grands chenets ), le salon, la grande salle (16 x 8 mètres, avec sa grande cheminée), le grand degré (escalier), la chambre de M. de la Chauffie.

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Le partage de 1782

François Perry et son épouse, Marie Anne Gabrielle, avaient eu sept enfants. Au décès de leur mère (1782) un partage  fut nécessaire entre les cinq frères et sœurs encore vivants, précédé d'une évaluation des biens (Saint-Auvent, Montmoreau, la Chauffie, etc.) et de la constitution de cinq lots d'égale valeur (50 000 livres chacun).


Carte de Cassini (fin XVIIIè siècle). La « frontière » en pointillés séparant l'Angoumois du Poitou est
        bien visible et coupe en deux le village de Ouyras (Vouéras)



Sans entrer dans le détail de ce partage qui eut lieu le 22 juillet 1782, à Saint-Auvent, par-devant Me Chancel et Bourdeau, avocats, signalons que cinq billets représentant les lots furent mis dans un chapeau et tirés au sort par une main innocente. Le 5e lot, constitué par le domaine de la Chauffie, échut à la plus jeune de la famille : Marie Perry, née en 1741, célibataire, demeurant à Saint-Auvent puis à Saint- Pardoux-la-Rivière, qui sera dorénavant appelée « la demoiselle de la Chauffie ».
Mais elle n'eut  qu'une partie du domaine, en vertu du droit de « parage » (système de partage des successions féodales destiné à éviter le morcellement du fief) du frère aîné, Olivier Isaac Perry, marquis de Saint-Auvent. En effet, « la Coutume d'Angoumois déférant à l'aîné d'entre nobles le choix de prendre tel châtel ou manoir qu'il veut choisir, le sieur marquis de Saint-Auvent aîné a choisi le château et préclôtures de la Chauffie ».(les préclôtures sont les appartenances et dépendances d'un lieu noble, destinées à l'aîné).
C'est donc Olivier Isaac Perry, né en 1723, dont nous reparlerons, qui devint le véritable propriétaire du château de la Chauffie et de ses dépendances, de 1782 jusqu'à sa mort en 1798, date à laquelle Marie Perry récupéra la totalité de son « 5e lot ».
Nous connaissons bien la composition de ce lot, par l'acte de partage de 1782. Une première partie comprenait  le château, la métairie de la Porte, les deux moulins, l' étang, la garenne ainsi que les dîmes prélevées par moitié avec le prieur de Pressignac sur le bourg et les villages de Chez Martin, les Gouttes, Puymis, la Nègrerie, la Guierce, la Guerlie, le Bonéthève, le Mas du Bost, Bord, le Petit Chalais et le Grand Chalais, situés en majorité en Angoumois. Ce qui représentait 261 setiers de seigle, mesure de Chabanais, à 6 livres le setier. Ceci fut donc  attribué à Olivier Isaac Perry en sa qualité d'aîné des héritiers.
La deuxième partie du lot était composée de deux métairies situées à Ouyras (aujourd'hui Vouéras), l'une en Angoumois, l'autre en Poitou, puisque la « frontière » entre ces deux provinces coupait en deux ce village. S'y ajoutaient les dîmes prélevées elles aussi par moitié avec le prieur sur les villages du Bournet, de Mandat, Pers, Valette, Fontcevéranne, la Judie, Vouéras, Chalais et Bord en partie, situés en majorité en Poitou. Ce qui représentait 167 setiers de seigle, plus quatre barriques  de  vin, 15 setiers d'orge, deux quintaux de chanvre et de lin, 50 livres de laine sale. Tout ceci fut attribué à Marie Perry, qui avait l'obligation de prélever 15 setiers de seigle sur les dîmes, pour les donner au chapelain de la chapelle Sainte-Valérie à Saint-Junien. Enfin elle conservait un droit de banalité de moulin : les métayers de Vouéras avaient l'obligation de faire moudre leurs grains aux moulins de la Chauffie.
A noter que les métairies de Chez le Mineur et du Grand Bois, signalées dans l'arpentement de 1756, revinrent à une sœur de Marie Perry, prénommée Marie Souveraine, épouse de Jacques du Rousseau de Ferrières.

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La Chauffie pendant la Révolution française (1789-1799)

C'est en février 1791 que Jean-Baptiste Vidaud, « fermier de la dame de Saint-Auvent » (Marie Perry), fut élu maire de Pressignac. Tout un symbole ! Grâce à la Révolution, le fermier succédait à son seigneur à la tête de la paroisse devenue commune !
En 1793, Vidaud répondit à une enquête concernant les châteaux : « Nous avons seulement le ci-devant château de la Chauffie appartenant à Perry-Saint-Auvent (Olivier Isaac). Il est composé  de trois tours, quatre pavillons et d'un corps de logis couvert à tuiles plates, le tout en très mauvais état ». Ainsi deux tours avaient dû s'écrouler et le château menaçait encore ruine. Il n'avait pourtant pas été victime de révolutionnaires destructeurs, comme l'avait été le château de Rochechouart, car seuls les blasons des portes d'entrée furent martelés.
Marie Perry, la propriétaire d'une partie de la Chauffie depuis le partage de 1782, avait quatre frères et sœurs, dont Olivier Isaac l'aîné (1723-1798) et Jean Olivier (1729-1799). Ces derniers, après avoir fait carrière dans l'armée royale, se retirèrent, tous les deux célibataires, dans leur château de Saint-Auvent, profitant des revenus de leurs domaines de la Chauffie, Saint-Auvent et Montmoreau. Tout se passa bien pour eux lors des premières années de la Révolution.

Le 21 avril 1793, signalés comme « ci-devant privilégiés », ils reçurent même un certificat de civisme de la part de la municipalité de Saint-Auvent, indiquant qu'ils « s'étaient toujours comportés et soumis avec distinction aux lois et conduits de la manière la plus civique , que leur conduite avait été exemplaire en tout et que ces deux respectables citoyens pouvaient continuer à habiter dans leur résidence actuelle ».
Mais le vent tourna rapidement , puisqu'en août 1793, les deux frères furent incarcérés à la prison de la Visitation de Limoges, et leurs biens mis sous séquestre !
On avait découvert qu'un de leurs neveux, Hubert Léonor Benjamin Perry, non seulement était apparenté par sa mère au général félon Dumouriez, qui venait de passer à l'ennemi le 4 avril, mais que ce même Hubert Léonor avait émigré en Angleterre puis en Allemagne et combattait la France dans l'armée des Princes !
Le 9 Thermidor an II (17 juillet 1794, chute de Robespierre) n'amena pas la libération des deux frères qui durent patienter encore six mois dans leurs geôles. Ce n'est qu'en décembre 1794 qu'ils furent libérés et réintégrés dans leurs biens (à part le domaine de Montmoreau, vendu comme Bien National).
Ils finirent paisiblement leurs vies à Saint-Auvent, bien heureux de s'en tirer à si bon compte. A la mort d'Olivier Isaac (5 décembre 1798), sa sœur Marie récupéra donc la première partie du 5e lot ,  et devint ainsi propriétaire de la totalité du domaine de la Chauffie.
Le 12 floréal an VII (2 mai 1799), Marie Perry affermait alors la Chauffie à trois régisseurs, Jean Chambon, d'Oradour-sur -Vayres, Jean Lapeyronnie et Elizabeth Cartal, de Saint-Saud, pour 15 ans, à raison de 2400 francs par an, plus 600 francs de pot-de-vin ou épingle !
« Le domaine de la Chauffie consistant en une maison de maître ou vieux château, cour, jardin, autres biens fonds et bâtiments composant la réserve ( ensemble des biens dont le seigneur se réservait l'exploitation directe), plus une autre métairie appelée de la Porte située dans la grande cour dudit château, plus deux autres métairies dans le village d'Ouyras (Vouéras), lesdites réserve et métairies garnies de cheptaux (boeufs, veaux, vaches, cochons, charrettes, jougs, 247 brebis) et outils aratoires valant 1500 francs, plus un étang avec un petit moulin et un autre moulin appelé le moulin de la Chauffie ». Les trois régisseurs devront en outre fournir chaque année 25 livres de poissons de l'étang à Marie Perry. Mais celle-ci se plaint que son fermier, Jean-Baptiste Vidaud, devenu maire de Pressignac, a négligé d'empoissonner l'étang !

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La Chauffie au XIXe siècle

Marie Perry ne garda pas longtemps la Chauffie !
En effet, le 19 Thermidor an VIII (8 août 1800), elle vendit le domaine à son neveu Hubert Léonor Benjamin Perry, rentré d'émigration en 1798 sans problèmes, et qui allait épouser le 17 août suivant, Marie Philippine de Rocquard, fille de Jérôme de Rocquard sieur des Dauges, commune de Chassenon, et de Marie Élizabeth de la Bastide du Pêcher.
Cette vente fut conclue au prix de 66 000 francs, payés en 2 500 pièces d'or de 24 francs et 1 000 pièces de 6 francs.
L'acte, passé à Saint-Pardoux-la-Rivière, domicile de Marie Perry, par-devant Me Ribadeau, notaire public, décrit ainsi le domaine : « Une maison de maître, autres édifices en dépendant, cour, jardin, une réserve exploitée par Jean Ducontet, métayer actuel. Un corps de domaine situé dans la grande cour exploité par Michel Grenet, métayer actuel. Deux autres corps de domaines situés dans le village de Vouéras, le premier exploité par François Rivet, le second par Jean Coldeboeuf. Les corps de domaines et réserve composés de maisons pour les métayers, granges et autres bâtiments, cuisines, charrières (cours de fermes), jardins à chanvre, jardins à choux, chenevières (terres à chanvre), terres , prés, bois châtaigniers et autres fonds cultes et incultes, tous domaines garnis de leurs cheptaux, charrettes, outils. Plus un moulin appelé de la Chauffie, composé de deux meules tournantes, avec un pressoir à huile à partir d'une meule tournante, le moulin composé de la maison pour le meunier actuel, bâtiments en dépendant, jardin à chanvre, jardin à choux, pré clos et autres objets en dépendant. Une garenne de bois futaie, joignant les moulins, dont il y a déjà une partie exploitée et coupée au profit de Monsieur  Perry, comme faisant partie de cette vente. Plus un étang avec un petit moulin au-dessous de la chaussée, composé d'une seule meule tournante ».
Viennent ensuite l'énumération et la valeur des animaux constituant le cheptel de chaque métairie. Pour la réserve : 4 vaches sans suite (sans veau), 2 avec 2 jeunes veaux, une brète (vache laitière bretonne), une truie avec 5 petits, 55 brebis, le tout 1 020 francs. Pour le domaine dans la cour : 6 vaches sans suite, 3 avec un veau, 3 veaux, une truie avec 8 petits cochons, 67 brebis, le tout 1 880 francs. Pour le premier domaine de Vouéras : 2 boeufs, 2 vaches sans suite, une vache avec une génisse, 3 vaches avec 3 veaux, un grand veau, 66 brebis, le tout 1420 francs. Pour le deuxième domaine de Vouéras : 3 vaches avec chacune une génisse, 2 vaches avec un veau, 2 vaches sans suite, une génisse, un grand veau, un cochon, 54 brebis, le tout 1 180 francs.
Marie Perry reconnaît «que tous les bâtiments du domaine en entier de la Chauffie et de Vouéras sont en très mauvais état et sont susceptibles de grandes réparations urgentes et indispensables, notamment la maison de maître dont la couverture ne peut plus servir, de même que les empattements du moulin de la Chauffie et la chaussée de l'écluse qui est démolie et a besoin d'être refaite à neuf dans plus de la moitié de son étendue ; les poteaux des granges très usés, notamment celui de la grange du blé du domaine dans la cour qui ne peut plus servir. En conséquence de ce,la dite Marie Perry consent que le dit Perry acquéreur fasse faire des travaux quand bon lui semblera et fasse une estimation préalable ».
Les travaux furent-ils réalisés rapidement ? On peut en douter en consultant l'acte de « sous bail à ferme au dernier enchérisseur » du 16 Ventôse an XIII (7 mars 1805), passé devant Me Rougier  Jeune, notaire à Chabanais, qui vit Pierre Léger-Lafond, de Rochechouart, devenir fermier-régisseur du domaine, moyennant 3600 francs de fermage annuel. Le fonds de cheptel dont 240 brebis ou moutons, et tous les poissons de l'étang, était évalué à 5500 francs.(le fermier devait toujours fournir 25 livres de poissons chaque année au domicile de Monsieur de Saint-Auvent).
A cette date (1805), il est écrit : «  La maison de maître ou vieux château dont la couverture est en très mauvais état ainsi que les planchers, ont besoin d'autres réparations, ainsi que la cour et le jardin dont les murs sont démolis en différents endroits. Il y a un étang avec un petit moulin au-dessous de la chaussée, dont la roue a besoin d'être refaite à neuf, ainsi que le mur où est placée la dite roue ».
Marie Perry mourut célibataire à Saint-Pardoux-la-Rivière en 1821. Son neveu, Hubert Léonor, devenu colonel de cavalerie attaché à l'État-Major de la ville de Paris en 1814, quitta l'armée en 1815 et se retira au château de Saint-Auvent où il mourut en 1859. Il fut le dernier du nom de Perry à posséder  la Chauffie. Sa fille aînée, Marie Héronyme Sidonie, née en 1806, épousa le baron de Vassal et succéda à son père comme propriétaire de la Chauffie. C'est elle, « Madame de Vassal, propriétaire de la Chauffie » qui est signalée dans les registres municipaux de Pressignac, en 1898, pour avoir financé, de moitié avec la commune de Chassenon, la construction d'une passerelle sur la Grêne, près de l'ancien moulin de la Chauffie. Hélas, de cette passerelle il ne reste plus que les piles et les poutrelles métalliques, et du vieux moulin un pan de mur !
Madame de Vassal décéda en 1904, sans avoir résidé à la Chauffie, laissant les bâtiments et les terres aux mains de régisseurs, de fermiers ou de métayers. Nous connaissons les noms de certains d'entre eux, grâce aux registres d'état-civil de Pressignac : Jean-Baptiste Guillaume Guerguigne-Vouvé, d'une famille bourgeoise de Chabanais, est signalé comme demeurant au château de la Chauffie en 1827. Son fils, Cyprien Guerguigne-Vouvé, y réside en 1838. Il sera maire de Chassenon de 1848 à 1852.

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 Plan cadastral de Pressignac. 1834.
Au centre, le château et ses métairies. Au Nord, la Grêne



La famille Darsconnat arrive sur le domaine dès 1690. De père en fils ils seront métayers jusqu' aux années 1970, (le dernier étant Julien Darsconnat) soit pendant près de trois siècles ! Belle fidélité aux propriétaires successifs et à la vieille terre de la Chauffie !


La Chauffie au XXe siècle et au début du XXIe siècle

Le château et les terres vont passer aux mains de plusieurs propriétaires, par mariages, héritages et ventes.
Après les de Vassal, ce sont les de Braquilanges, puis les de la Hautière et les de Boutiny, qui sont propriétaires mais ne résident pas. Ils confient l'exploitation du domaine ( dont plusieurs terres et métairies sont progressivement vendues) à des régisseurs comme M.M. Berthet et Leproux, et à des métayers comme les Granet, les Soury et les Darsconnat déjà cités.
Des terres et des bois, ainsi que les métairies de Vouéras sont vendues. L'étang est vendu à J.H Moreau, l'archéologue de Rochechouart qui dirige les fouilles, à Chassenon, des thermes de l'antique Cassinomagus. Il le revend en 1980 à la commune de Pressignac (maire André Soury) qui en fait un lieu de promenade et de pêche très fréquenté. Quant au château, après avoir servi de logement aux familles de métayers, à leur départ il est laissé à l'abandon.
C'est en 1979 que Pierre et Annick Debien, d'Angoulême, achètent uniquement le château qui est en très mauvais état, pour en faire leur résidence secondaire. Ils entreprennent des travaux d'urgence, fondent l'association des « Amis de la Chauffie »,  et éditent « les cahiers de la Chauffie » qui se veulent « une revue d'art et de traditions populaires, d'archéologie et d'histoire » dont trois numéros paraîtront en 1985-86. Mais devant l'ampleur des travaux, ils délaissent la Chauffie à partir de 1996, et achètent le château de Saint-Auvent, en meilleur état, dont ils vont faire un centre d'art contemporain réputé. Comme les Perry, ils possèdent la Chauffie et Saint-Auvent ! On dirait que l'histoire se répète !
Et comme à l'époque des Perry, le pauvre château de la Chauffie se dégrade très vite et se retrouve aujourd'hui à l'état de ruine. Sa tour carrée d'entrée montre encore les consoles de ses mâchicoulis, mais aussi sa toiture crevée, au-dessus des broussailles. La cour intérieure envahie par la végétation est entourée de bâtiments en très mauvais état, dont le corps de logis aux portes et fenêtres délabrées et le mur d'enceinte en partie écroulé.
L'intérieur est de même très dégradé, victime des infiltrations à travers la toiture.Boiseries, éléments de sculptures et de cheminées, fresques murales, ont disparu. Planchers et pavés sont à peine praticables ou effondrés.
Un agriculteur-éleveur, Robert Chabaudie, réside toujours, avec son épouse, dans le village de la Chauffie, auprès du château. Outre ses propres terres, il loue encore quelques parcelles de l'ancien domaine à la propriétaire actuelle, descendante des Perry, Mme de Boutiny, qui réside dans le Midi.

Évoquons pour finir les légendes parvenues jusqu'à nous grâce à la mémoire des anciens : Le château aurait eu des oubliettes, une guillotine avec des traces de sang (!), des souterrains passant sous la Grêne pour rejoindre Chassenon... Et enfin les plus belles : les Messieurs de la Chauffie, rentrant bredouilles de la chasse, auraient abattu à coups de fusils un couvreur qui travaillait sur le toit du château ! Et, il était une fois...un chien qui fut enterré en grande pompe ! La petite fille rendue responsable de sa mort dut se cacher pendant les obsèques !

Ne pas oublier non plus, et ceci n'est pas une légende, que ce vieux bâtiment en péril a été bâti en brèches d'impact, roches issues de la chute d'une météorite géante, il y a 200 millions d'années, du côté de la Judie et de Valette, sur le territoire de l'actuelle commune de Pressignac, tout près de la Chauffie ! Le phénomène n'ayant été élucidé qu'à la fin des années 1960, les Tison et les Perry ne pouvaient pas le savoir !
                                            André Berland


Remerciements à José Délias pour le prêt d'archives privées, à Marcelle Lafont (née Darsconnat) et Robert Chabaudie pour leurs souvenirs sur la Chauffie.

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Bibliographie


Châteaux, logis et demeures anciennes de la Charente. Ouvrage collectif. 1993
Docteur Adrien Grézillier. Histoire de Rochechouart. 1977
Docteur Adrien Grézillier. Les Perry, seigneurs de la Chauffie, de Saint-Auvent et de Montmoreau,  BSAHC 1973-74
André Berland. Pressignac en Charente limousine autrefois. 1987. Rééd. 1995
André Berland. Les problèmes d'une zone frontalière. Le cas de Chassenon et Pressignac. BAVC No 88 déc 2004
André Berland . Les retables des églises du canton de Chabanais. BAVC No 127 juin  2015
José Délias. La Révolution dans le canton de Chabanais. 1988
Jean-Marie Ouvrard. Les blasons de la Charente. jmouvrard pagesperso-orange.fr
Pierre Debien. Les cahiers de la Chauffie. Nos 1, 2 et 3. 1985-86
Jean-Régis Perrin et Christian Vernou. Chassenon vu du ciel. 2001

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Le château de la Chauffie en 2016


La cour intérieure du château en 1975 - Photo : ©Jacques Goudeaux

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