LE TRÉSOR DE LA GUIERCE, À PRESSIGNAC



Les circonstances de la découverte






Elles nous sont rapportées par Maurice Ardant (1793-1867) qui fut conservateur des monuments historiques et archiviste de la Haute-Vienne, spécialiste de la numismatique, de l’archéologie et de l’émaillerie limousines. Dans un de ses ouvrages  Emailleurs et émaillerie de Limoges , paru en 1855, il écrit : « Pierre Bissirieix, de Grenord, voulant partager avec son frère une lande inculte dont ils avaient hérité, à la Guierce, commune de Pressignac, non loin d’une voie romaine, traça un fossé de délimitation, et trouva en l’ouvrant, à demi mètre de profondeur, un grand vase de bronze dont j’ai vu les anses ornées dans leur partie inférieure de masques ou têtes semblables à celles des médailles gauloises, et un vase de bronze émaillé…Ce vase émaillé contenait une quantité de petits bronzes des empereurs
Gallien, Claude Gothique, Quintillus, et des tyrans Victorin, Tétricus père et fils, et Laelianus, dont j’ai trouvé un seul exemplaire, qui ont régné de 253 à 270 de J-C. Le sieur Bissirieix, en m’écrivant pour m’annoncer sa découverte, m’envoya une poignée de ces médailles qu’il disait être au nombre de quinze cents ; j’y reconnus les revers Pax Aug., Salus, Virtus, Fortuna, Felicitas, Providentia, Victoria, etc., comme étant les plus abondants. Ces antiques monnaies se sont écoulées dans les environs de Chabanais, où elles se donnaient pour des liards. » (Notons que l’abbé Arbellot, archéologue et chanoine de Rochechouart, indiquait que, vers 1850, il trouvait parfois, dans les corbeilles de ses quêtes, lors des messes dominicales, ces petites pièces de monnaie romaines !).(1) « Pierre Bissirieix joignit à sa lettre un fragment du vase émaillé que je lui demandais avec empressement, mais qu’il voulut ressouder aux autres parties, auxquelles il ne manque que la calotte du fond pour être en tout semblable dans sa forme à nos carafons modernes. »
Inutile de chercher l’emplacement exact de la découverte, quitte à désoler les chercheurs de trésor armés de « poêles à frire », car nos recherches dans les matrices cadastrales de Pressignac, incomplètes et très imprécises à l’époque, n’ont pu aboutir. En outre, une partie du territoire qui jouxtait autrefois le village de la Guierce a disparu sous les eaux du barrage de Lavaud, un des lacs de Haute-Charente.
Quant à la date du coup de pioche des frères Bissirieix, elle n’est pas donnée par Maurice Ardant, mais par Fortuné Parenteau, premier conservateur du musée départemental d’archéologie de Nantes et acquéreur de certaines pièces du trésor : 1849, soit plus de 1570 ans après le coup de pioche qui avait permis l’enfouissement du trésor !
En effet, les pièces de monnaie en très bon état, en particulier celles à l’effigie de Tétricus II qui régna de 268 à 2742, permettent d’avancer avec une grande probabilité la date de 275 comme étant l’année où un riche propriétaire local cacha ces précieux objets pour les soustraire à quelque menace. Est-ce au moment des  bagaudes  qui ravagent les campagnes à cette époque, des désordres qui suivirent la chute de Tétricus ou lors d’un raid des  barbares  Alamans qui descendaient vers les Pyrénées ?


(2) Tétricus II règne avec son père Tétricus Ier comme Empereur des Gaules. Tétricus Ier fut très présent à Bordeaux et à Limoges, jusqu’à sa reddition devant Aurélien en 274.


RETOUR