Pourtant,
ils ne vont plus, ils viennent ; Ils
épargnent leurs gestes et les joies et les peines.
Oseraient-ils penser, qu'ils pensent à reculons Dans
leur mémoire en tourbillons.
Ils
se conjuguent à l'imparfait Car
être vieux, ce n'est plus être tout à fait ;
Leurs souvenirs s'égrènent au chapelet du temps Sans
même qu'ils ne sachent comment.
Ils
font partie de leur passé.
L'attente se morfond dans leurs sourires froissés,
S'ils existent encore, c'est d'avoir hérité D'un
passé pour l'éternité.
Comme ils ont froid d'être tout seuls ! Le
froid les enveloppe et leur tisse un linceul, La
solitude gèle les mouvements de l'âme,
Éteint jusqu'aux dernières flammes.
Comme une antienne monotone,
L'écho des pas pesants au soir tombant résonne ; Une
ultime lueur, à la nuit vacillant,
Auréole un sceptre tremblant.
Lointains, perdus, le regard flou, Plus
rien ne les retient : ils font semblant, c'est tout.
Alors sans un murmure, sur la pointe des pieds, Ils
vont s'éteindre résignés…