La fleur au fusil, Ils étaient partis Tout pleins d’allégresse ; Sûr qu’on allait voir Ce qu’on allait voir : L’ire vengeresse Pour les motiver Et les préserver De toute faiblesse…
Comme ils se voyaient Couverts de lauriers Auprès de leur belle ! Que d’empressement À l’affrontement Pour ces ribambelles De braves guerriers Qui voulaient sauver La France éternelle !
Et tout un chacun, Bon républicain Prêt à en découdre, De vaillant combat En vaillant combat, Devait se résoudre, Courbé sous le feu, À s’offrir en fai- -sant parler la poudre…
C’est dans ce fracas, Convaincus jusqu’à Se croire invincibles, Que ces innocents Ont donné leur sang En servant de cibles, Dans la boue, le froid, Pétrifiés d’effroi, D’horreur indicible. Sosies du passé Qu’on veut effacer De notre mémoire, Comme ils sont gênants Tous ces combattants Témoins de l’Histoire ; La chair à canon N’a plus que leur nom Pour seule victoire !
Peu sont revenus, Ravagés, fourbus, Le cœur en détresse… À tous ceux qui ont, Pour notre nation, Brisé leur jeunesse : Hommage et fierté, Pour la liberté Partout qu’on professe !
Au nom du progrès, L’on dit, sans regrets, Que leur sacrifice N’a servi à rien : L’honneur n’est plus rien Face à la mainmise, Sur la société, D’un courant d’idées Purificatrices…