Toujours en quête de bons mots,
Il se croyait irrésistible
Jusqu’à souhaiter les pires maux
À ceux qui lui servaient de cible !
Pour épater la galerie,
Il se livrait à des prouesses :
Ses quolibets, ses railleries
Rivalisaient de hardiesse…
En triturant
l’opprobre, Fier de ses
reparties, Il jetait ses
propos En pâture aux
corbeaux ; Il avait,
sans égards, Au détriment
des autres, Et la manière
et l’art De forcer les
avis.
Comme il avait réponse à tout,
Il était en état de grâce…
Mais sa superbe en prit un coup :
Rançon de mainte et mainte crasse,
Poursuivi pour diffamation,
Convoqué devant la justice,
Il se vit dans l’obligation
De réparer ses préjudices …
Tourmenté
sans relâche Par un vieux
chicaneur Dont il avait
terni L’estime et
le crédit, Il lui fallut
céder, Réparer ses
outrages, Avec les
intérêts En plus du
déshonneur !
Pourtant ses efforts furent vains,
Et le doigt mis dans l’engrenage
Du jour au lendemain devint
Sujet de tous les commérages !
Tout s’effondrait autour de lui :
Il basculait du piédestal
Qu’il s’était patiemment construit,
Subissait une vraie cabale…
Juste
inversion des rôles, Arroseur
arrosé, Le bravache
d’hier Ne faisait
plus le fier… De Charybde
en Scylla, Roi
déchu — est-ce drôle ? — Du coup,
dégringola De son trône
brisé !