Un
coin fané du vieux Paris. Dans
ce coin de bohème, Un
vieil orgue de Barbarie
Délivrait sa rengaine.
Là-bas un troublant musicien, Au
fond d’une venelle,
Là-bas, chantait un air ancien,
Chantait sa ritournelle…
Dans
ce quartier si miséreux Au
seuil d’une gargote,
S’échouaient les calamiteux,
Mendigots en ribote.
Et l’orgue égrenait ses notes
Dans cette clarté falote ;
Et les refrains s’échappaient
En un souffle ingénu
Comme un vol d’hirondelles,
Et les notes s’élançaient
Au rythme soutenu
Des tours de manivelle…
Pour ces impassibles passants, Ces chalands en maraude, Tous en quête de faux-semblants Ou de quelque ribaude,
Impossible marchand d’espoir, Baladin de l’étrange, A ceux qui traînaient dans le
soir, Ceux que le sort effrange,
Ange noir descendu du ciel Insolite trouvère Qui donnait un sens au réel En sa froide lumière…
Et l’orgue égrenait ses notes
Dans cette clarté falote ;
Et les refrains s’échappaient
En un souffle ingénu
Comme un vol d’hirondelles,
Et les notes s’élançaient
Au rythme soutenu
Des tours de manivelle…
Lui,
que nul jamais n’avait vu
S’effaça dans la brume,
Partit comme il était venu Comme
un feu se consume.
Restait un regret lancinant Dans
le soir qui frissonne,
Tandis qu’allait s’amenuisant La
chanson du vieil homme…