(introduction d'après un poète anonyme du 18e siècle)
Il est un invisible corps Qui de bas lieu tire son être Et qui jamais ne fait connaître Ni qui il est ni d’où il sort Voilà
mission fort émérite Que
d’en vanter tous les bienfaits Que
d’en poser tous les mérites Et
d’en constater les effets
Ces
exhalaisons de tout bord
Sulfureuses et souveraines
Intestines qui se promènent Dans
l’alambic de notre corps Il en
existe tant d’espèces D’une
infinie diversité Que
je ne puis et le confesse
Chacune vous les présenter
S’il
est de fort délicats Avec
un vrai bruit de tonnerre En
guise d’entrée en matière
D’autres s’annoncent avec fracas Le
pet brutal à la hussarde Plein
de vigueur et bien au chaud Coup
de boutoir force et bombarde
L’huis de son ténébreux cachot.
Le
pet guerrier monte à l’assaut
Friand d’espace et de conquêtes Avec
l’éclat d’une trompette
Sonnant la charge in extenso Le
pet douceâtre à voix plaintive En un
soupir organisé
Jamais ne prend l’initiative
Restant timide et réservé
Comme
une phrase entrecoupée Par
d’imperceptibles virgules Le
pet musical se module En
des reprises nuancées Avec
ses traces de freinage Celui
bien ventru du routier Ou
qui parfume le potage Le
pet gourmand du cuisinier
Douce
haleine aux dépens d’autrui Le
pet honteux lui n’est qu’un souffle
Traître en soi mais qui se camoufle Et
qui ne fait le moindre bruit Le
pet confit lui nous allège
Longtemps macéré puis lâché En
outre il fortifie le linge Feu
d’artifice empanaché
Pour
affiner notre odorat
Sachons en toute circonstance Tirer
profit des flatulences De
quelque ordre qu’il nous plaira Et
répandant un florilège
Plaignons tous les enchifrenés En
usant de ce privilège Pour
mieux nous dégager le nez