Nous avons longuement marché, silencieux, du soleil plein la tête et de l’or dans les yeux. C’est là que j’ai durci au feu de ton empreinte ma volonté farouche et forte d’espérer ;
C’est là que j’ai confié au miroir de mon âme mes doutes, mes faiblesses, toutes mes craintes aussi. Nous avons côtoyé toutes sortes de gens : des grands, des beaux, des laids, des bons ou des méchants,
de ceux encuirassés qu’encombre l’inutile, de ceux empanachés, superbes d’ignorance ou d’autres, compassés, bavant de suffisance en qui j’ai failli croire avant que de comprendre
que l’on ne peut comprendre et qu’il ne faut pas croire. Fantoches débridés, traversant le présent, ont fui dans ma mémoire comme pages brûlées laissant un goût de cendre, un goût d’inachevé.
Et moi, bardé de rêves, Je suis tombé de haut ; alors, simple, anonyme, obscur, j’ai cheminé ... Pourtant je le sais bien qu’à mon dernier sanglot ou qu’à mon dernier rire je te retrouverai :
toi, l’ultime refuge, toi, l’amie du silence, toujours je reviendrai vers toi, ma Solitude.