Maïa
Maïa a dénudé les épaules d’Avril
Et la novice enfin a relevé son voile
Alors que le marin s’inquiète des étoiles
Autour de sa maison se fanent les lilas
Lupercus a sorti les troupeaux de la grotte
Où, dans l’hiver sans fin les gardait du péril
Le rossignol furtif abandonne une note
A l’orvet résigné d’avoir chanté trop bas
La fumée s’est dissoute, à l’orle des chaumines
Dont le seuil grand ouvert, tel un méat brûlant,
Laisse par petits jets à l’ombre des charmilles
Se calmer peu à peu la houle des amants
Maïa a revêtu sa robe de grossesse
Sous son nombril gonflé naît le soleil de Juin
La nature effrénée a des élans d’ivresse
Le campanile aussi débauche de tocsin
Le soleil élancé comme une flèche vive
A percuté le ciel foudroyé de bonheur
Les nuages vexés repartent en dérive
Maïa vient d’accoucher, et le brouillard se meurt
Maïa a dénudé les épaules d’Avril
Colosse du printemps ému par la Déesse
Et tandis que la Nymphe arrange un peu ses tresses
Le géant éploré ramasse un bout de fil.
Copyright © avril 1994
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