LA TERRIBLE GRÊLE DE 1719 À PRESSIGNAC


Cet acte passé devant Me Guerguigne, notaire à Chabanais ( A.D Charente 2 E 17732 ) nous apprend qu’un terrible orage de grêle, le 19 juillet 1719, causa des dégâts aussi importants que la tempête du 27 décembre 1999, à Pressignac et dans un hameau de Lézignac-Durand.
Comme quoi les phénomènes météorologiques d’aujourd’hui ne sont pas forcément plus dévastateurs que ceux d’autrefois. La seule différence, c’est que les services météorologiques n’existaient pas et ne pouvaient donc ni les prévoir ni en conserver le souvenir…


« Messieurs les présidents, lieutenants et élus de l’élection d’Angoulême
 Supplient humblement les habitants de la paroisse de Pressignac et ceux du village de Douzerac (1) paroisse de Lézignac-Durand, châtellenie de Chabanais, disant qu’outre le malheur qu’ils ont d’être surchargés dans les impositions royales depuis plusieurs années et que leur domaines sont chargés en si gros devoirs seigneuriaux que la plupart des habitants ont été dans l’obligation de quitter et abandonner leurs domaines qui sont situés dans un terroir des plus ingrats de cette élection, les terres n’étant propres qu’à produire du seigle et blé noir et quelques châtaignes, quoique les gelées qu’il y a eu au mois de mai dernier eussent entièrement gelé et endommagé les grains qui étaient ensemencés dans leurs domaines, les chaleurs qui sont survenues depuis pendant cet été ont tellement desséché leurs prés qu’ils n’y ont recueilli que la dixième partie des foins qu’ils devaient recueillir, et par un surcroît de malheur il est arrivé que le dix neuf du présent mois s’étant élevé un orage si furieux qu’il y aurait grêlé pendant quatre heures y ayant tombé des grêles (grêlons) d’une grosseur et abondance prodigieuses qui auraient été suivies d’une pluie si abondante, tellement que la grêle aurait non seulement cassé les tuiles et renversé les bâtiments de ces pauvres habitants, mais encore battu entièrement leurs blés sans qu’ils puissent en recueillir aucun grain et renversé leurs châtaigniers et tellement démoli leurs domaines que outre ils ne peuvent espérer aucune récolte la présente année, mais leurs domaines étant si démolis qu’il n’y a pas d’espérance qu’ils en puissent recevoir à l’avenir par rapport à leurs arbres châtaigniers ayant été entièrement détruits et renversés, mais encore les prés et terres étant si détériorés qu’elles ne pourront produire de plusieurs années, en sorte que les pauvres habitants sont réduits à la dernière mendicité et aumône, à moins que par secours de la providence et par les faveurs de Sa Majesté et pour leur être pourvu, ils ont recours à vous. Ce considéré, messieurs, il vous plaise donner acte aux suppliants des fins de la présente requête et afin qu’il apparaisse de l’état des choses qui causent la ruine totale des suppliants, ordonnez qu’il sera par vous, messieurs ou qui vous plaira commettre, faire état et procès-verbal des bâtiments et domaines des habitants de la dite paroisse de Pressignac et village de Douzerat, paroisse du dit Lézignac-Durand, châtellenie de Chabanais, pour ce fait leur être accordé le dédommagement et diminution sur les charges royales tant imposées qu’à imposer, proportionnées à leur perte et dommage, et vous ferez bien ».


Les signataires sont : Durepaire, Sardain de Beauregard, Duchesne, Dupont, de Poursat, Duval, de Labrousse de Chalais, Dumont, de Limaignes, de Larapidie, de Labrunie. Tous des notables, bourgeois ou nobles, des paroisses de Pressignac et de Lézignac-Durand, sans oublier le prieur-curé de Pressignac, Etienne Daniel de la Mazière, qui exerça de 1686 à 1725.

À la suite de cette lettre, une note du greffier de l’Election d’Angoulême nous apprend qu’il fait droit à cette requête, mais qu’il attend un procès-verbal de l’estimation des dégâts, avant de prendre une décision. Cette note, datée du 21 juillet 1719, indique que l’orage a eu lieu « le 19 du présent mois ».




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