Un petit
ruisseau qui babille, Un
menu flot qui se tortille En un
murmure lointain, Clair
et doux dans le matin ; Un
petit garçon qui sautille, Qui
folâtre au coin d’un pré, Un
petit garçon qui gambille Entre
verne et peuplier ;
Des
papillons, des libellules
Dansent autour des renoncules,
Voletant de fleurs de d’iris, De
coucous, en myosotis ; Un
gamin en culottes courtes, Les
joues roses et le teint frais, Un
gamin en culottes courtes Les
cheveux ébouriffés ;
Et
derrière, à travers les branches, Un
mur où le soleil s’épanche : Les
ruines d’un vieux moulin Se
dressent dans le matin ...
Regardez-le comme il s’arrête
Auprès d’un buisson touffu, Se
saisissant d’une baguette, Comme
il se met à l’affût !
Et
sur les ailes du mystère
Descend la brume imaginaire D’un
conte moyenâgeux Dans
un décor fabuleux : Par
la magie de l’innocence,
Surgissent sur le coteau, Tout
cliquetant d’effervescence, Les
remparts d’un vieux château ;
N’y
a-t-il pas une princesse
Admirant courage et prouesses,
Captive en ses beaux atours,
Captive en la haute tour ? Aussi
faut-il le voir en face Du
vieux mur tout délabré,
Superbe et dévorant l’espace,
Conquérant y pénétrer !
Ce
petit garçon qui gambille, Ce
petit garçon qui sautille, Qui
folâtre au bord du ru, Quand
le charme a disparu, Il
n’en demeure plus que l’ombre Une
ombre à travers le temps, Rien
plus que l’ombre en ce jour sombre, De
moi-même, il y a longtemps...