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Il est
tard.
Les
oiseaux se sont tus. Des grillons, seul le chant
En
moi se répercute, uniforme et tranchant
Le
silence. Et sur le mur gris, aux pierres chaudes,
Dans
un frôlement sourd d’insectes en maraude,
Fantômes de la nuit, aux ombres menaçantes,
Les
papillons s’abreuvent à la clarté dansante.
De
la prairie voisine, en senteurs éphémères,
Les
effluves se mêlent de l’herbe et de la terre
Attendant que la nuit y vienne déposer
Parmi les pleurs de l’aube des larmes de rosée :
C’est le sang du terroir qui vibre sous ma peau,
Et
qui bat dans mes veines et qui me chante beau.
La
lune en sa rondeur est couleur de la rouille.
Dans
la tiède langueur où les idées se brouillent,
S’entremêlent et s’effacent sur la feuille jaunie,
Il
me semble parfois, bercé par l’atonie,
Être
aux portes du monde et déjà sommeillant,
Reposer ma conscience en un havre accueillant.
Là-bas, un cri d’oiseau ; plus loin, un aboiement.
Une
porte qui claque et puis, infiniment,
Un
nuage qui passe et le ciel qui s’allume,
Et
toi, l’ami Pierrot, qui me prêtes ta plume
Afin
de la tailler, afin de l’affûter,
Pour
la tremper dans l’encre d’une nuit d’été…
Copyright © Jacques
Goudeaux - août 1988 / Dépôt SACEM : 1998
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